14-17 juin - Lyon
EN FRANCE, les morsures d’animaux constituent un problème important car leur fréquence augmente depuis 1998. On estime à 50 000 environ le nombre d’enfants mordus chaque année, mais seulement 15 000 morsures sont déclarées. Parmi elles, 5 000 requièrent des soins médicaux, 400 une hospitalisation, 80 sont à l’origine de séquelles soit esthétiques, soit fonctionnelles (neurologiques ou psychologiques) et 1 ou 2 d’un décès. La mortalité ne constitue donc pas un bon marqueur épidémiologique.
Les morsures d’animaux, principalement de chien, touchent les enfants très jeunes, entre 1 et 4 ans, et ceux âgés de 10 à 13 ans, avec une prédominance pour les garçons. Les campagnes d’éducation ciblées sur le jeune enfant étant très difficiles – l’enfant n’est pas réceptif à ces âges-là –, elles sont orientées vers les parents.
Le siège de la morsure varie selon l’âge.
Elles incitent à la vigilance car : dans 1 cas sur 4, l’enfant a été laissé seul avec son chien ; dans 1 cas sur 2 ou 3, les parents laissent l’enfant faire ce qu’il veut avec le chien (l’enfant ne respecte pas le territoire du chien, lui tire l’oreille, la queue etc.). Il est important non seulement de surveiller l’enfant, mais aussi de lui apprendre à respecter le territoire de l’animal. Enfin, des réglementations existent en France, mais malheureusement elles ne sont pas toujours appliquées. Ainsi, les chiens doivent être absents des parcs de jeux pour enfants et être tenus en laisse dans la rue. Quant aux chiens dangereux, ils doivent porter une muselière en dehors de leur domicile. Un propriétaire de chien doit apprendre à s’en occuper et respecter les réglementations en vigueur.
La plupart des morsures (7 cas sur 10) sont dues à des chiens de l’environnement immédiat de l’enfant et surviennent à son domicile (34 %). Dans 2 cas sur 10, elles se produisent dans la rue, avec un chien connu. Et dans 1 cas sur 10-15, le chien est inconnu. Les chiens agresseurs sont le plus souvent de jeunes mâles.
Des séquelles rares, mais graves.
Bien que les morsures infligées par les chiens dangereux (pitbull, rottweiller, doberman) soient les plus spectaculaires, les plus fréquentes sont dues à des chiens familiers (berger allemand, labrador, cocker, caniche, terrier).
Le siège de la morsure varie selon l’âge de l’enfant. Entre 1 et 4 ans, le visage est touché préférentiellement (de 75 à 80 %), notamment au niveau des joues, des lèvres, du nez et des paupières ; alors que, entre 10 et 13 ans, les lésions concernent d’abord les mains et les mollets, puis le visage. Enfin, elles peuvent être situées à deux endroits différents.
La majorité des morsures d’animaux sont bénignes, lorsqu’elles entraînent des plaies linéaires simples. Cependant, certaines peuvent avoir des conséquences graves du fait d’une perte de substance, selon le siège de la lésion et lorsque la prise en charge est tardive.
Ainsi, des morsures au niveau du visage nécessitent le recours à des chirurgiens spécialisés afin d’éviter des séquelles esthétiques importantes. Si la morsure est située près d’un nerf ou d’un tendon musculaire, le risque de séquelles irréparables est considérable, surtout si l’enfant n’est pas pris en charge dans l’heure qui suit. Enfin, le risque de séquelles infectieuses est élevé : 1 morsure sur 4 s’infecte. Les germes en cause peuvent être banals (staphylocoque, streptocoque) ou spécifiques de la salive du chien (pasteurelles) et être responsables de lésions sévères : cellulite importante, voire gangrène.
C’est la raison pour laquelle, devant toute morsure de chien, il convient de nettoyer rapidement la plaie à l’eau, idéalement avec une poire ou une petite douchette pour faire ressortir la salive du chien de la plaie.
En effet, le temps de contact de la salive sur la plaie est corrélé avec le risque infectieux. Si la salive est enlevée dans les 5 à 15 min qui suivent la morsure, le risque infectieux est quasiment nul alors qu’au-delà de 2 heures il est très élevé. C’est pourquoi, désormais, une antibiothérapie prophylactique, 50 mg/kg/j d’amoxicilline-acide clavulanique pendant 10 jours, est prescrite dans la plupart des cas. Il faut également s’assurer que la vaccination antitétanique est à jour.
Enfin, les séquelles psychologiques peuvent être importantes. Une étude réalisée en 2005 a montré que 1 enfant sur 5 présente un syndrome de stress posttraumatique, de six mois à un an après une morsure de chien. Ces séquelles sont restées longtemps méconnues et ce sont les psychiatres qui ont attiré l’attention des urgentistes sur elles. Afin de les prévenir, il est recommandé que l’enfant mordu soit vu dans les 48 heures par une psychologue afin qu’il puisse raconter ce qui s’est passé.
D’après un entretien avec le Pr Bertrand Chevallier, service de pédiatrie, hôpital Ambroise-Paré, Boulogne.
Prévention de la rage
Si l’animal est connu et vacciné contre la rage, l’enfant mordu n’est pas vacciné.
Si l’animal est connu, mais non vacciné contre la rage, il est mis sous surveillance vétérinaire pendant quinze jours :
– J1, si l’animal est vivant et sain, pas de vaccination ; s’il est suspect, l’enfant est vacciné contre la rage ;
– J7 et J14, si l’animal est suspect, l’enfant est vacciné contre la rage ; s’il est sain après avoir été suspecté à J1, la vaccination entreprise est interrompue.
Si l’animal est mort spontanément ou s’il a été abattu après la morsure, l’enfant est vacciné et la tête de l’animal est envoyé à l’Institut Pasteur pour recherches.
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