De notre correspondant
Le chancelier Gerhard Schröder a présenté à la fin de la semaine dernière un vaste plan de modernisation de la politique sociale allemande, qui prévoit la diminution ou la suppression de nombreuses prestations, notamment dans le domaine de l'emploi et de la santé.
Toutefois, l'opposition et les professionnels de santé se montrent sceptiques sur les effets que pourrait avoir cette réforme sur les finances de l'assurance-maladie, dont le déficit pour 2002 vient d'être rendu public et atteint 2,96 milliards d'euros.
Economiser 20 % des dépenses de santé
Gerhard Schröder souhaite, pour relancer la compétitivité internationale du pays, que les cotisations d'assurance-maladie, qui représentent actuellement plus de 14 % des salaires, repassent sous la barre des 13 %. Il a néanmoins rejeté plusieurs projets de la commission Rürup, chargée de préparer la future réforme de la santé. Ces projets prévoyaient de transférer les coûts liés aux accidents de loisirs et de sport à des assurances privées, et envisageaient de ne plus prendre en charge les soins dentaires : « Je ne veux pas que le statut social se lise sur les dents comme autrefois », a-t-il expliqué. Par contre, les indemnités funéraires, versées par l'assurance-maladie aux familles des défunts seront supprimées, et les « primes de naissance » versées aux jeunes mères seront désormais financées par les communes. De même, une partie des indemnités versées en cas de maladie pourrait être prise en charge par des assurances privées.
Le chancelier a plaidé pour une meilleure coordination entre les 350 caisses d'assurance-maladie du pays, dont certaines pourraient être appelées à fusionner ou à se regrouper, et pour une modernisation des « unions de médecins » chargées de répartir les honoraires versés par les caisses aux praticiens. Il souhaite « développer largement la prévention, à l'image de la Scandinavie », et estime que « 20% des dépenses de santé pourraient être économisées en réduisant les traitements inutiles ou redondants ». Il a dénoncé, par ailleurs, « l'égoïsme de certains acteurs de la santé qui confondent leurs intérêts personnels avec la solidarité nationale ». Selon Gerhard Schröder, les assurés les plus aisés devraient participer financièrement à certains traitements, mais il n'est pas question d'augmenter la participation des citoyens les plus pauvres et des malades chroniques aux dépenses.
Le chancelier n'a pas cité dans son discours les projets de son gouvernement qui prévoient des généralistes référents, la limitation de l'accès direct aux spécialistes et la généralisation des recommandations pour de nombreux traitements. Ces idées inquiètent tout particulièrement les médecins.
Dans tous les cas, les propositions du chancelier, comme celles du ministère de la Santé, auront du mal à se concrétiser : l'opposition chrétienne démocrate détient la majorité au Bundesrat, le « parlement des régions » dont le rôle est comparable à celui du Sénat français. La réforme de la santé préparée par la commission Rürup et la ministre Ulla Schmidt pourrait être officiellement présentée en mai. Elle se heurte aux les professionnels de santé, mobilisés depuis plusieurs mois contre des projets qu'ils assimilent à un plan de rigueur et qui déboucheront, selon eux, sur l'étatisation de la médecine.
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