SELON UNE ENQUETE de la Sfed, réalisée en 2003, 65 000 cancers du tube digestif sont diagnostiqués chaque année grâce à l'endoscopie digestive. Parmi ces cancers, on retrouve : 38 400 cancers du côlon et du rectum, 12 700 cancers de l'œsophage, 4 500 cancers du cardia, 7 300 cancers de l'estomac et 1 400 cancers plus rares. Le pronostic de ces cancers est mauvais, notamment au niveau du tube digestif supérieur où il est catastrophique, à savoir une survie à cinq ans de 5 % pour les cancers de l'œsophage, 17 % pour les cancers de l'estomac, 50 % pour les cancers du côlon. Ces cancers sont responsables de 30 000 morts par an.
Le pronostic des cancers de l'œsophage et de l'estomac peut être amélioré par le diagnostic des lésions précancéreuses ou des cancers superficiels, qui sont asymptomatiques, ne peuvent être détectées que lors d'une endoscopie et restent encore trop rarement diagnostiquées en France. Il est donc aujourd'hui essentiel d'essayer de détecter ces lésions ; ce d'autant que l'on dispose maintenant de la possibilité d'un traitement endoscopique peu invasif, efficace, à visée curative. A titre d'exemple, le traitement curatif endoscopique des cancers superficiels de l'estomac (inférieurs à 2 cm non ulcérés et limités à la muqueuse) a un excellent pronostic : sur 2 000 patients présentant de telles lésions, 98 % sont en vie à l'issue de cinq ans de suivie.
Polypectomie colique.
Le cancer du côlon continue à augmenter malgré le nombre de polypes enlevés chaque année (augmentation de 63 % en vingt ans). Les polypes du côlon sont le plus souvent asymptomatiques et ne peuvent être détectés à ce jour et à grande échelle que par coloscopie. De plus, la polypectomie réalisée au cours de la coloscopie permet d'éviter la survenue ultérieure du cancer du côlon et, à titre d'exemple, la surveillance par coloscopie régulière sur quinze ans chez des patients à très haut risque de cancer du côlon, car porteurs d'une mutation génétique rapporte une mortalité nulle. C'est pourquoi, lors du symposium de la Sfed, il est apparu capital de sensibiliser les gastro-entérologues à la nécessité d'une endoscopie de qualité avec des endoscopes de haute résolution permettant de voir des lésions à la limite de la visibilité car un tiers des cancers du côlon se développeraient sur des adénomes plans dont la détection est difficile.
Enfin, la Sfed a regretté que l'endoscopie digestive n'ait pas été prise en compte nominativement dans le plan Cancer et ne soit citée nulle part malgré son importance en matière de diagnostic, de prévention et de possibilité de traitement curateur et radical des lésions précancéreuses, tant au niveau de l'œsophage, de l'estomac qu'au niveau du côlon.
Conférence de presse organisée par la Société française d'endoscopie digestive, à laquelle participaient le Pr D. Sautereau (Limoges, président de la Sfed) et le Dr J.-M. Canard (Paris, secrétaire de la Sfed).
Le risque et le côlon
Patients à haut risque de cancer colorectal (CCR) : - parent du premier degré atteint d'un CCR avant 60 ans ou bien deux parents du premier degré quel que soit l'âge de survenue du CCR : une coloscopie tous les cinq ans à partir de 45 ans ou 5 ans avant l'âge du parent le plus jeune ayant eu un CCR.
Parent du premier degré atteint d'un adénome colorectal : pas de consensus en France. Aux Etats-Unis, la coloscopie est préconisée en cas d'adénome de plus de 1 cm ou en cas de dysplasie de haut grade à partir de 40 ans ou 10 ans avant l'âge du parent atteint.
Patients à très haut risque de CCR : polypose adénomateuse familiale : coloscopie courte annuelle à partir de 10 ans, puis coloscopie totale annuelle à partir de l'âge adulte ; cancer héréditaire non lié à la polypose adénomateuse familiale : conseil génétique, coloscopie tous les deux ans à partir de 20 ans ou bien 5 à 10 ans avant le cas du parent le plus jeune ayant eu le CCR ; polypose juvénile : coloscopie tous les deux ans à partir de 15 à 18 ans.
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