CERTAINS EXPERTS mettent en exergue des freins à l'utilisation des bêtabloquants chez les patients hypertendus à risque métabolique, en sachant que le syndrome métabolique et le diabète abîment les artères : selon eux, le rapport bénéfice-risque des bêtabloquants est moins favorable que celui d'autres classes d'antihypertenseurs, car la protection cardio-vasculaire est moindre et des effets indésirables sont plus grands. Aussi les bloqueurs du système rénine-angiotensine (IEC ou AA II) sont-ils privilégiés actuellement chez les patients atteints d'HTA et d'un syndrome métabolique. Il a été en effet mis en lumière que les cohortes de patients hypertendus sous traitement bêtabloquant ont un risque accru de 21 % de développer un diabète de type 2 (30 % sous les diurétiques). On sait aussi que tous les bêtabloquants baissent la tension artérielle avec la même amplitude (bien de façon variable) et que, par rapport aux autres médicaments antihypertenseurs, l'aténolol est apparu moins efficace pour diminuer le risque d'événements cardio-vasculaires.
Outre l'aggravation de la sensibilité à l'insuline, on reproche aux bêtabloquants le fait qu'ils n'améliorent ni la dysfonction endothéliale ni la compliance artérielle et qu'ils n'ont pas d'effet de préservation de la fonction rénale et de prévention de l'HVG. Par ailleurs, la prescription n'est pas facile, vu les contre-indications (en cas d'asthme, de bloc auriculo-ventriculaire et de bradycardie sinusale) et de nombreux effets indésirables diminuant la qualité de vie tels que l'asthénie, la fatigue, la diminution de la performance à l'exercice, la dysfonction érectile, le syndrome dépressif.
Les nouveaux bêtabloquants ayant un effet vasodilatateur.
A l'opposé, d'autres experts soulignent l'im- portance de mettre de l'ordre dans cette grande classe thérapeutique et de défendre la place de nouveaux bêtabloquants ayant un effet vasodilatateur chez les patients hypertendus à risque métabolique et les sujets âgés. Rappelons que l'action antihypertensive des bêtabloquants fait intervenir une baisse du débit cardiaque et des résistances périphériques, une diminution de la rénine et une action sur le système sympathique du fait du blocage des bêtarécepteurs adrénergiques, ce qui limite la réponse inotrope ou chronotrope positive aux catécholamines circulantes. Outre ces points en commun, des bêtabloquants vasodilatateurs, comme le carvédilol et le nébivolol, ont des effets bénéfiques particuliers dont les effets antioxydants et anti-inflammatoires dans le cadre du stress oxydatif qui existe dans l'HTA.
Une action spécifique sur le NO.
Le nébivolol a pour atouts d'avoir un effet agoniste au niveau de récepteurs bêta 3 et une action spécifique sur le NO : il en résulte une inhibition de l'agrégation plaquettaire et de la prolifération de cellules lisses, ainsi qu'une augmentation de la perfusion tissulaire. D'où l'efficacité de cette molécule pour diminuer les répercussions artérielles et cardiaques de l'HTA, et donc le risque des complications chez les hypertendus, et également de réduire la morbi-mortalité chez les insuffisants cardiaques ; jusqu'à présent, aucune étude n'a démontré ses effets délétères au plan vasculaire et métabolique. Quant à la tolérance du nébivolol, elle est satisfaisante notamment en ce qui concerne les troubles de l'érection et de la tolérance à l'effort. Pour le Dr C. Thuillez (Société française de cardiologie), il est intéressant d'avoir à disposition des médicaments ayant un effet bêtabloquant tout en possédant des propriétés pharmacologiques procurant une protection cardio-vasculaire ; encore faut-il mettre sur pied des études comparatives de morbi-mortalité sur une longue durée.
Symposium des Laboratoires Negma-Lerads, à l'occasion des 17es Journées européennes de la Société française de cardiologie.
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