COMME LE précise l'introduction pour le texte court de la conférence d'experts de la Société de pneumologie de langue française (Splf), en partenariat avec la Société française d'allergologie et d'immunologie clinique (Sfaic) et la Société française de médecine du travail (Sfmt) sur Asthme et Allergie, au cours de l'asthme, la part attribuable à l'allergie est d'environ 50-60 %. Cette responsabilité a été prise en considération, notamment dans le plan Asthme du ministère de la Santé publié en 2002, ainsi que dans les recommandations pour la pratique clinique de l'Anaes sur l'éducation thérapeutique et le suivi de l'asthmatique (1). Mais l'augmentation de la prévalence de l'asthme et des allergies depuis une vingtaine d'années, ainsi que la complexité des relations entre allergie et asthme, a rendu nécessaire la mise en oeuvre d'une conférence d'experts (2). Cette conférence avait pour dessein d'élaborer des recommandations précisant le rôle de l'allergie dans l'expression clinique de l'asthme, la place de l'enquête allergologique dans le bilan de l'asthmatique et le rôle de l'asthme comme éventuel facteur de risque d'anaphylaxie. L'examen clinique chez l'asthmatique allergique et l'existence de traitements spécifiques ont fait l'objet de précisions. Enfin, une place particulière a été accordée à l'asthme allergique en rapport avec l'environnement professionnel. Les recommandations seront éditées sous deux versions, un texte long, sous forme de « fascicule actualité » de la « Revue des maladies respiratoires ». L'autre texte, dit court, a fait l'objet d'une publication anticipée sur le site de la « Revue des maladies respiratoires ».
De l'interrogatoire au traitement.
Ces recommandations ont été élaborées selon la méthodologie habituelle faisant appel à une revue exhaustive de la littérature et à une évaluation des niveaux de preuve des réponses aux questions posées par le comité de pilotage. Le niveau des recommandations a été classé en trois grades (A, B ou C) selon la classification de la Haute Autorité de santé (HAS). Le grade A est celui des recommandations fondées sur un niveau de preuve de fort niveau ou, exceptionnellement, de celles qui correspondent à un « message fort » des experts. Le grade B est celui des recommandations fondées sur des études de niveau intermédiaire, correspondant à une présomption scientifique. Le grade C, enfin, correspond aux recommandations fondées sur des études de moindre niveau de preuve. A défaut, la recommandation a été fondée sur un avis d'experts.
L'environnement domestique et extérieur.
En ce qui concerne le rôle de l'allergie dans l'expression clinique de l'asthme, les experts ont insisté sur les sensibilisations et l'exposition aux allergènes de l'environnement, qu'il soit domestique ou extérieur. Les recommandations rappellent que l'enquête allergologique est orientée par l'interrogatoire qui précise où, quand et comment surviennent les symptômes. L'enquête allergologique est recommandée chez tout asthmatique âgé de plus de 3 ans. En outre, les recommandations précisent que cette enquête s'impose «chez tous les enfants de moins de 3ans qui présentent des symptômes respiratoires persistants et/ou récidivants et/ou sévères et/ou nécessitant un traitement continu et/ou associés à des symptômes extra-respiratoires compatibles avec une origine allergique». Elles rappellent également que, dans ce contexte, la positivité des tests cutanés allergologiques révèle davantage un facteur de risque de persistance des symptômes respiratoires qu'une allergie vraie. Un suivi respiratoire et allergologique s'impose. Pour les prick-tests, le texte rappelle qu'ils sont recommandés en première intention dans le bilan allergologique et souligne que la positivité d'un test cutané met en évidence une sensibilisation à l'allergène. Les résultats du test doivent être confrontés aux données de l'interrogatoire et à la clinique.
Les IgE totales ne sont recommandées que lorsqu'un traitement par anti-IgE est envisagé et en cas de suspicion d'aspergillose broncho-pulmonaire allergique.
Les recommandations rappellent, en outre, que l'asthme allergique n'est pas un facteur de risque d'anaphylaxie aux curares, ni un facteur de risque d'allergie aux vaccins, aux pénicillines ou aux piqûres d'hyménoptère. En revanche, elles soulignent l'augmentation de l'incidence des réactions aux produits de contraste iodés et la nécessité de signaler systématiquement au radiologue l'existence d'un asthme, les produits iodés de basse osmolarité étant préconisés chez l'asthmatique.
Métiers à risque.
Le risque d'allergie alimentaire chez l'asthmatique, la recherche d'une atteinte ORL et le traitement d'une éventuelle rhinite ou d'une dermatite atopique sont rappelés.
Sur le plan thérapeutique, une métaanalyse récente a confirmé l'efficacité de l'omalizumab dans le traitement de l'asthme sévère d'origine allergique (3). En ce qui concerne les interactions entre l'asthme allergique et l'environnement professionnel, les agents causaux et les métiers à risque sont répertoriés sur un site Internet sous forme alphabétique, par substances ou par métiers (4). Une recherche approfondie s'impose en cas de profession à haut risque : professions de nettoyage, agricole, boulangers, peintres, coiffeurs, professionnels de santé, soudeurs.
* Chru, Lille.
** Hôpital Arnaud-de-Villeneuve, Montpellier.
(1) www.has-sante.fr, espace « professionnels de santé », rubrique
« recommandations professionnelles ».
(2) Tillie-Leblond I, Godard P. Introduction pour le texte court de la conférence d'experts de la Société de pneumologie de langue française sur Asthme et Allergie. Rev Mal Respir 2007;24(2):221-2.
(3) Walker S et coll. Anti-IgE for chronic asthma in adults and children. Cochrane Database Syst Rev 2006;(2):CD003559.
(4) www.asmanet.com.
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