L'étude détaillée de la plainte mnésique est indispensable, bien qu'elle ne permette pas de faire de façon fiable la part entre la plainte d'un sujet présentant un vieillissement cognitif normal et celle d'un sujet présentant des troubles pathologiques de la mémoire. Pourtant, il ne paraît pas possible de négliger la plainte mnésique du sujet âgé. De nombreuses études épidémiologiques montrent qu'elle peut être prédictive d'une évolution démentielle.
Ainsi, l'étude PAQUID a montré un risque relatif de démence ultérieure de 6 pour les sujets avec plainte mnésique ressentie, exprimée et performances mnésiques basses, mais aussi de 3,8 pour des sujets avec plainte mnésique ressentie, exprimée et performances mnésiques normales.
On ne peut donc recueillir une plainte mnésique sans la confronter à deux autres critères de jugement : d'une part, quelques tests cognitifs de débrouillage (test des 5 mots, test de l'horloge, MMS de Folstein), d'autre part, l'autonomie du sujet dans les activités instrumentales de la vie quotidienne (prendre les transports, gérer l'argent ou les prises médicamenteuses, utiliser le téléphone...).
Au terme d'un tel examen, plusieurs orientations sont possibles :
- Soit la plainte est banale et ne s'accompagne pas d'une baisse des performances mnésiques ni de son autonomie. On a probablement affaire à une plainte bénigne liée au vieillissement cognitif normal.
- Soit on observe une baisse des performances mnésiques et de l'autonomie. Il faut alors s'interroger sur une démence (type Alzheimer) et pratiquer un bilan plus détaillé, neuropsychologique et par imagerie.
- Soit les performances mnésiques sont perturbées, mais l'autonomie est préservée. On peut être dans le cadre d'un « MCI » (Mild Cognitive Impairment ou trouble cognitif léger), cadre nosologique hétérogène, en voie de démembrement mais dont l'évolution vers une démence est fréquente.
Tout résultat permettant de suspecter un trouble important doit orienter vers une consultation spécialisée ou vers une consultation mémoire pour confirmation du diagnostic.
Néanmoins, il faut bien avoir à l'esprit qu'il n'y a pas forcément de corrélation entre les performances aux tests de mémoire et la plainte mnésique, ce qui signifie que la simple plainte de mémoire doit faire l'objet, à elle seule, de la plus grande attention.
A ce jour, l'hypothèse la plus documentée sur les troubles mnésiques met en jeu un des neurotransmetteurs majeurs de la mémoire : la dopamine. Elle a fait l'objet de nombreuses recherches et son implication dans le processus mnésique est maintenant parfaitement démontrée. Des expériences chez l'animal ont notamment montré que, après exposition au MPTP, substance détruisant les cellules dopaminergiques, certains animaux, tels le singe, développent d'importants troubles cognitifs. La dopamine est le premier neurotransmetteur altéré par le vieillissement.
Evalué par pet-scan
De nombreux travaux, dont ceux de l'équipe américaine dirigée par le Pr Volkow, ont évalué par PET-scan les quantités de récepteurs dopaminergiques. Ils ont démontré, grâce à des tests neuropsychologiques dopaminosensibles et à ce PET-scan, une forte corrélation entre déclin de l'activité dopaminergique lié à l'âge et troubles de la mémoire. Cette corrélation demeure vraie quel que soit l'âge du patient.
Ces observations sont confortées par des travaux sur les effets cognitifs du piribédil, agoniste dopaminergique. Ils démontrent, par des techniques comme l'EEG, l'implication du système dopaminergique dans le processus mnésique : augmentation des ondes thêta sous piribédil, ce qui traduit une amélioration de la vigilance et montre également une amélioration des performances psychométriques.
Par ailleurs, une nouvelle étude (Dr Nagajara), présentée au World Congress of Neurology 2001, démontre l'intérêt d'utiliser un agoniste dopaminergique dans la prise en charge de patients présentant une MICI. En effet, dans cette étude, en double aveugle contre placebo, les patients du groupe piribédil (Trivastal 50 mg) ont significativement amélioré leur mémoire dès le 60e jour (test MMS).
L'ensemble de ces constatations amène logiquement à envisager une approche thérapeutique visant à augmenter l'activité dopaminergique, notamment par l'utilisation d'un agent agoniste de la dopamine.
Conférence de presse organisée par les Laboratoires Euthérapie, dans le cadre du 4e Forum national de FMC, Rencontres médecins généralistes-neurologues.
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