Un certain nombre d'études, et notamment l'étude DHEage, ont montré les effets bénéfiques de la DHEA sur l'os. Comme le souligne le Dr Catherine Cormier, service de rhumatologie, hôpital Cochin (Paris), « la DHEA suscite un intérêt certain dans la lutte contre le vieillissement. La baisse de la DHEA avec l'âge, corrélée avec des anomalies liées au vieillissement, est un argument pour envisager son administration, mais il importe de positionner cette molécule en pathologie ostéo-articulaire ».
Une supplémentation en DHEA
Quelques équipes ont étudié l'effet sur l'os d'une supplémentation en DHEA chez le sujet âgé ou atteint de pathologies associant une diminution des concentrations sériques de sDHEA. Un certain nombre de constantes sont retrouvées à travers les publications des résultats obtenus. On observe notamment une augmentation de la densité minérale osseuse chez la femme, mais non chez l'homme. Chez la femme ménopausée, sans traitement hormonal substitutif et recevant de la DHEA, on note une diminution globale des marqueurs de la résorption osseuse (ils ne le sont pas chez l'homme) et une augmentation ou une absence de modification des marqueurs de la formation osseuse.
Baisse de la résorption osseuse
L'action de la DHEA sur l'os semble donc s'expliquer à la fois par une baisse de la résorption osseuse et par une stimulation de la formation osseuse. Ces effets semblent principalement liés à la conversion de la DHEA en stéroïdes sexuels actifs (estradiol et testostérone), bien que d'autres mécanismes d'action (comme l'augmentation de l'IGF 1) puissent aussi être impliqués.
Autre point important, les effets de la DHEA sur la densité minérale osseuse et sur les marqueurs biologiques semblent d'autant plus importants que les concentrations circulantes de sDHEA étaient basses avant le traitement. En notant toutefois que dans cette situation, une baisse de la formation osseuse semble suivre de façon retardée, la baisse de la résorption.
« En définitive, explique le Dr Cormier, l'administration de DHEA à des doses permettant de restituer des concentrations sériques de sDHEA comparables à celles des adultes jeunes est bien tolérée sur de courtes périodes (de six mois à un an). Néanmoins, nous manquons d'études menées sur une éventuelle épargne fracturaire, notamment chez les femmes ayant de faibles concentrations sériques de sDHEA. En outre, des études sont nécessaires pour connaître les éventuelles effets néfastes à long terme, tels que la survenue de cancers hormonodépendants. »
D'après un entretien avec le Dr Catherine Cormier, service de rhumatologie A, hôpital Cochin (Paris), dans le cadre du Congrès de la SFR.
Les données expérimentales
Le mode d'action de la DHEA sur l'os semble principalement lié à sa transformation en stéroïdes sexuels.
Des études de cohorte ont montré une corrélation positive entre les concentrations sériques de sDHEA et la densité minérale osseuse (DMO) chez la femme (mais pas chez l'homme). Chez la femme, la sDHEA est corrélée positivement avec l'IGF1 et négativement avec l'IL6. En outre, une concentration basse est prédictive d'une augmentation du risque de fracture, même après ajustement pour la DMO.
Quelques travaux expérimentaux ont montré un effet stimulant de la DHEA sur l'os. Cet effet est comparable à celui de la DHT (dihydrotestostérone), inhibé par les anti-androgènes mais non inhibé par les anti-estrogènes.
Les résultats de travaux menés sur l'action de la DHEA et de la DHT sur des cellules ostéoblastiques humaines en culture suggèrent, notamment, qu'elles exercent leurs effets mitogéniques via le récepteur des androgènes et stimulent la production de phosphatase alcaline en augmentant l'expression du TGF-ß.
D'autres études suggèrent que l'effet stimulant de la DHEA sur l'ostéoblaste peut s'expliquer par d'autres mécanismes que l'effet androgénique. Scheven et coll. ont notamment évoqué le fait que la DHEA pouvait potentialiser l'effet de différenciation cellulaire du calcitriol.
Néanmoins, le mécanisme le plus souvent évoqué, en dehors de l'action androgénique, pour expliquer l'effet stimulant de la DHEA sur l'os, est l'augmentation de la concentration d'IGF 1.
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