I?l y a toujours une vive discussion sur la définition du syndrome métabolique, en particulier son côté « artificiel ». Certains avancent l’absence d’intérêt à le dépister car il ne change rien à la prise en charge.
« Je ne partage pas ce point de vue », affirme le Pr Boris Hansel (hôpital Pitié-Salpêtrière). Au-delà de la polémique rebattue autour d’une construction factice des firmes pharmaceutiques, la définition du syndrome métabolique a une importance sur le plan pratique. D’abord, l’interrelation entre les différents critères est loin d’être fortuite. L’insulino-résistance et l’adiposité viscérale sont des éléments-clés de la cascade de perturbations métaboliques conduisant aux pathologies constituées, puis aux accidents aigus potentiellement mortels. « On est bien obligé de constater qu’on introduit les mesures hygiéno-diététiques trop tard », note le Pr Hansel. En faisant la synthèse de petites anomalies, le syndrome métabolique a le mérite de sensibiliser le médecin avant que se développent le diabète, l’hypertension, l’obésité et la dyslipidémie. Un autre point important est qu’il permet de se focaliser sur le mode de vie précocement car il se situe en amont des facteurs de risque reconnus. « Quand on regarde les études, il y a des groupes où le syndrome métabolique est un facteur de prédiction du risque applicable à la population française. Il permet aussi de rectifier le risque calculé par Euroscore chez des patients à faible risque. La présence d’un syndrome métabolique multiplie par deux le risque cardiovasculaire à dix ans », poursuit le Pr Hansel. Ainsi, le risque faible de 5 % à dix ans évolue vers un risque intermédiaire de 5-20 % à dix ans lorsque se surajoute le syndrome métabolique. Mêmes constatations pour les études 4S ou Afcaps où la présence d’un syndrome métabolique ajoute à la prédiction du pronostic cardiovasculaire. Conséquence : la prise en charge doit être plus intensive pour coller au plus près du véritable risque cardiovasculaire individuel.
L’American College of Cardiology a mis tout le monde d’accord avec le risque cardiométabolique basé sur l’HTA, le diabète et le périmètre abdominal. En France, on n’en est pas encore là. Il n’existe pas de recommandations spécifiques car on ne peut pas prédire le risque à long terme faute d’études sur le traitement spécifique du syndrome métabolique.
Statines au premier plan
Le syndrome métabolique est aussi le stigmate d’autres pathologies, comme l’hépatopathie métabolique ou le syndrome des ovaire polykystiques augmentant les risques d’infertilité. Idem pour le syndrome d’apnée du sommeil ou le risque de cancer. Quant au risque de diabète, on a la preuve par l’étude DPP (Diabetes Prevention Program) que la prise en charge hygiéno-diététique précoce réduit de 58 % le risque ultérieur de devenir diabétique. Lorsque les patients sont en surpoids, la metformine est le traitement de première intention. Les statines restent la référence dans la dyslipidémie même si les anomalies portent sur les triglycérides. « On garde le LDL-cholestérol comme cible principale , insiste le Pr Hansel, et en aucun cas, on ne se base sur le taux de triglycérides pour instaurer le traitement. »
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