UN NOUVEAU pas dans la compréhension des maladies auto-immunes vient d’être accompli par des chercheurs américains (Rafael Casellas et coll., université de l’Oklahoma). Ils suggèrent l’implication d’étapes précoces du développement des lymphocytes B.
Pour mieux comprendre la découverte, il faut faire un court rappel de physiologie. Les cellules B, nées dans la moelle osseuse, produisent des anticorps. Ceux-ci sont issus du réarrangement précoce des gènes des immunoglobulines au cours du développement des cellules B. Ces anticorps, qui se lient à un agent pathogène spécifique, jouent aussi un rôle de récepteur de surface sur ces lymphocytes.
Réarrangement des gènes des immunoglobulines.
Le mécanisme d’auto-immunité commence lorsque, du réarrangement des gènes des immunoglobulines, naissent des anticorps visant des éléments du soi. En pratique, l’organisme a prévu un système de correction. C’est là qu’intervient la découverte des chercheurs américains. Le mécanisme salvateur ne fonctionne pas toujours comme il le devrait. Lorsque apparaît un autoanticorps, expliquent-ils, le développement de la cellule B est bloqué au stade où elle synthétise un anticorps au rôle de récepteur de surface. En fait, plutôt que de détruire la cellule défectueuse, le système immunitaire corrige le récepteur, un nouvel anticorps remplaçant l’ancien.
Environ 10 % des cellules B portent les deux types de récepteurs.
L’équipe a pu démontrer qu’environ 10 % des cellules B portent les deux types de récepteur, un bon et un mauvais (que le bon anticorps devait remplacer). Ce qui veut dire que des cellules B aberrantes ont échappé au mécanisme de correction. L’équipe américaine est consciente que, sur ce point, elle remet en cause la théorie selon laquelle les cellules B ne portent qu’un seul récepteur. Une confirmation de l’hypothèse a été fournie en expérimentation animale.
Il reste à découvrir pourquoi, alors que tous les individus portent ces cellules B à deux anticorps, seulement une petite partie d’entre eux vont déclarer une affection auto-immune. Et à découvrir aussi à quel stade les lymphocytes B porteurs d’autoanticorps sont bloqués.
« J Exp Med » 2007 ; 204 : 153-160.
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