Infertilité masculine

La piste de l’alimentation

Publié le 23/10/2009
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La baisse de la fertilité masculine au cours de ces 50 dernières années préoccupe le corps médical et les autorités sanitaires. Plusieurs facteurs sont incriminés dont l’alimentation. Insuffisamment diversifiée, elle semble conduire à des déséquilibres nutritionnels délétères pour la spermatogenèse.

Depuis une quinzaine d'années, les épidémiologistes constatent une détérioration importante de la fertilité masculine, mesurée notamment par les caractéristiques spermatiques chez les candidats au don de sperme. En 50 ans, la production de spermatozoïdes a diminué de 50% en moyenne.

Plusieurs facteurs sont incriminés tels que l’exposition à la chaleur, l’alcool ou encore le tabac mais l’évolution des modes de vie explique en partie cette tendance. Selon une étude en cours de parution, une alimentation inadaptée pourrait notamment constituer un élément essentiel, mais largement négligé, de l'infertilité masculine inexpliquée. On sait que de nombreux nutriments (vitamines, minéraux, métaux ou acides gras) sont impliqués dans la fonction de reproduction masculine, le plus souvent de manière synergique. Plusieurs essais d’intervention de type supplémentation, avec une ou plusieurs substances associées, ont été effectués, chez l’animal et chez l’homme et montrent, dans certains cas, un effet positif sur la qualité du sperme. L’association folates + zinc (5mg d’acide folique et 66mg de zinc par jour durant 26 semaines) augmente par exemple de façon significative la concentration en spermatozoïdes chez les sujets subfertiles. Les hommes dont l’alimentation contient une grande quantité d’antioxydants (en particulier vitamines C, E et sélénium) ont également une meilleure qualité de sperme en termes de concentration et mobilité des spermatozoïdes.

Le fragile équilibre des nutriments

Ces données pourraient inciter à prescrire spontanément une supplémentation en vitamines et minéraux aux hommes en âge de procréer. C’est une erreur. L’équilibre nutritionnel est fragile. Un excès en nutriment peut être aussi délétère qu’un déficit. C’est par exemple le cas d’un excès de zinc + selenium. L’alimentation diversifiée doit être promue en premier lieu en privilégiant des produits riches en anti-oxydants et oméga 3 et 6. Les régimes alimentaires à base de poissons, d’huiles végétales et de fruits et légumes frais ont montré de meilleurs résultats sur la qualité du sperme qu’une alimentation riche en graisses.

Aude Rambaud

Source : Le Généraliste: 2502