NON SEULEMENT les estroprogestatifs n'engendrent pas d'élévation du risque de survenue d'une tumeur cancéreuse, mais ils semblent bien avoir une action favorable sur la santé publique. Avec une nuance, selon les auteurs britanniques de l'étude qui a mené à ce constat, les protocoles de contraception variant d'un pays à l'autre, peut-être ces conclusions ne sont-elles pas aussi valides ailleurs dans le monde.
Dans ce travail, de grande envergure, la réduction du taux de tous les cancers est de 45 pour 100 000 femmes/années sur l'ensemble de la cohorte et de 10 pour 100 000 femmes/années à partir des données recueillies chez des généralistes. En d'autres termes, la réduction du risque est de 12 % sur l'ensemble des participantes et de 3 % sur les données issues de la médecine générale.
Une forte puissance statistique.
La cohorte de l'étude sur la contraception (Royal College of General Practitioners'oral Contraception Study) a été créée en 1968. Les patientes incluses avaient alors, en moyenne, 29 ans. Ce qui donne à l'étude une forte puissance statistique, puisque l'observation a duré trente-six ans et a porté sur plus d'un million de femmes-années, soit 339 000 femmes/années pour les non-utilisatrices (témoins) et 744 000 pour les utilisatrices.
La différence entre les deux groupes montre, en faveur des femmes sous contraception orale, un taux significativement plus bas de cancers du côlon, du rectum, du corps utérin, des ovaires, d'autres localisations, ainsi que de l'association des principaux cancers gynécologiques.
L'analyse de patientes vues en médecine générale est moins optimiste, puisque qu'elle ne suggère pas de baisse du taux de cancers. Elle suggère même une majoration du risque de survenue de cancers invasifs du col utérin et de tumeurs du système nerveux central ou de l'hypophyse. Une tendance qui apparaît essentiellement avec l'augmentation de la durée de la contraception. Ainsi, le risque relatif de tumeur cérébrale passe de 1,34 dans l'ensemble de la cohorte à 3,23 en médecine générale et à 5,51 au-delà de 97 mois de contraception suivie par un omnipraticien. Ce délai de huit ans crée un seuil au-delà duquel les auteurs constatent une augmentation globale du risque relatif à 1,22.
A l'inverse, la prévention tumorale se fait davantage sentir chez les femmes plus âgées que chez les plus jeunes.
Le dosage du contraceptif, enfin, n'influe guère sur les résultats.
« British Medical Journal » édition avancée en ligne du 12 septembre 2007.
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