La médecine française est depuis longtemps très impliquée dans l’action humanitaire. L’aide peut être urgente et ponctuelle en cas de catastrophe naturelle, temporaire –comme dans les situations de guerre responsables d’un délitement des structures médicales – elle peut aussi s’établir sur la durée, dans le cadre d’une coopération avec les pays émergents. C’est dans cette situation que l’orthopédie pédiatrique a toute sa place. Au cours de ces 10 dernières années, plus de 40 membres de la Société française d’orthopédie pédiatrique (SoFOP) ont participé à cette action, réalisant plus de 400 missions dans 31 pays essentiellement en Afrique, en Asie du Sud Est et au Moyen-Orient.
Une approche des soins très différente
Si chaque situation est particulière en fonction des pays, de la structure d’accueil, de l’organisation, toutes les missions humanitaires ont en commun de s’éloigner énormément de notre pratique quotidienne, ceci nécessitant de la part du médecin de l’expérience et un pouvoir d’adaptation à de multiples situations qui peuvent paraître parfois incongrues.
Une épidémiologie parfois surprenante
Les pathologies peuvent être différentes de celles rencontrées en Europe. Les cas de tuberculose osseuse, et notamment de mal de Pott, sont encore très fréquents dans les pays émergents. Les cas de poliomyélite sont encore présents, mais grâce aux campagnes de vaccinations, leur fréquence a nettement diminué au cours des 20 dernières années. Les pathologies sont plus graves, car non prises en charge ou insuffisamment traitées, on rencontre ainsi des patients avec des déformations majeures des membres ou de la colonne vertébrale.
Les conditions de travail sont plus difficiles. Une multitude de patients doivent être vus en consultation en très peu de temps. La barrière de la langue est fréquente. L’équipement au bloc opératoire est souvent rudimentaire. Le suivi en rééducation est parfois inexistant.
Ainsi, nous devons adopter des stratégies de prise en charge différentes par rapport aux situations européennes. Il faut savoir aller à l’essentiel, avoir des indications ciblées visant à améliorer l’état du patient en évitant surtout toute acrobatie chirurgicale. Il faut parfois savoir dire non quand l’état du patient, la gravité de la pathologie ou l’insuffisance de matériel rend le résultat final aléatoire.
Un transfert éducatif très diplomatique
Parallèlement à l’activité de soin, l’enseignement doit être omniprésent au cours de la mission, dans le but d’améliorer les compétences des équipes locales et de leur permettre de s’autonomiser. L’accès à la connaissance et à l’enseignement est devenu beaucoup plus simple grâce à internet. Bien sûr, cela doit s’effectuer en concertation avec l’université locale afin d’éviter tout conflit et ne pas mettre en difficulté les équipes. Chaque médecin enseignant doit agir avec beaucoup de diplomatie. Enfin, notre mission doit se prolonger par le suivi des patients et l’évaluation des résultats qui est indispensable pour juger de l’efficacité et de l’utilité de notre travail.
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