C OMME l'a rappelé le Dr Huijsdens (Amsterdam, Pays-Bas), les techniques microbiologiques classiques ont des limites bien connues : les germes à déceler doivent être en quantité suffisante, ils doivent pouvoir être cultivés et doivent être connus au préalable ; elles demandent du temps et sont difficilement reproductibles à cause de l'immense variété des bactéries en jeu, sans, enfin, compter un bon nombre de difficultés techniques. Aussi leur amélioration n'empêche pas la recherche d'alternatives. L'une d'elles, très prometteuse, passe par les techniques génétiques, utilisant notamment la PCR pour amplifier les fragments de matériel génétique présents.
Deux avantages de la PCR sont évidents : sa rapidité (quelques heures, souvent deux seulement, pour obtenir des résultats) et sa haute reproductibilité. Reste à préciser son utilité réelle dans le futur. Plusieurs travaux s'y attellent, évaluant cette technique dans l'identification des germes ou de la résistance de germes aux antibiotiques.
Le Dr Huijsdens a conduit une étude portant sur deux germes présents dans la flore intestinale (E. Coli et Bacteroides vulgatus) et conclut à la très haute sensitivité et à la grande spécificité de la PCR pour les identifier. Pour lui, cette technique peut être un apport crucial dans la compréhension du rôle des micro-organismes présents dans la flore intestinale, mais aussi dans certaines situations cliniques, comme la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique.
K. Jaton et son équipe (Lausanne, Suisse) présentent des conclusions semblables à la suite d'un travail ayant pour objet de préciser certaines de ces situations. Chez 17 patients sur 47 ayant présenté des cultures de germes négatives, une bactérie a pu ainsi être identifiée. Cette identification s'est révélée « cliniquement utile » chez 11 d'entre eux : dans 6 cas de suspicion d'endocardite infectieuse et dans 5 cas de prélèvements biopsiques dans des tissus profonds.
Dans certains cas, la PCR permet d'anticiper la résistance à certains antibiotiques de certains germes. L'équipe de V. Avesani a développé une technique qui autorise le dépistage rapide des mutations associées à une résistance aux macrolides chez Helicobacter pylori. L'antibiotique testé était la clarithromycine. Les résultats sont très prometteurs et doivent à présent être confirmés sur des échantillons de biopsie gastrique.
Enfin, d'autres techniques d'amplification génétique poursuivent les mêmes objectifs. L'équipe de J. D. Fox (Cardiff, Grande-Bretagne) a développé une technique de détection des entérovirus, qu'elle améliore actuellement en vue du dépistage du virus de la poliomyélite. Dans la même ville, l'équipe de J. D. Westmoreland utilise ces techniques dans la détection des germes d'infections respiratoires. Elle insiste sur leur rapidité et leur faible coût et leur prédit un « impact » certain dans l'avenir.
D'après les communications présentées par les Drs Huijsdens (Amsterdam, Pays-Bas) et K. Jaton (Lausanne, Suisse).
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