«DÉCOUVRIR, pousser une investigation, c'est mon oxygène.» Alors Etienne-Emile Baulieu, né en 1926 et qui a toujours son laboratoire à l'hôpital du Kremlin-Bicêtre, a bien l'intention de «faire de la recherche jusqu'à son dernier souffle». Le documentaire de 52 minutes, signé Bernard Jourdain, que lui consacre France 5 dans la collection « Empreintes », rend bien compte de cet enthousiasme toujours renouvelé et de ses engagements.
C'est d'abord dans la Résistance que s'engage, à l'âge de 15 ans, le jeune Etienne, fils d'un médecin renommé de Strasbourg, le Dr Léon Blum : «Comme Français, comme jeune communiste, comme Juif, je ne pouvais que m'engager contre les nazis, c'était inconcevable de faire autrement. Je n'en tire pas gloire, dit-il aujourd'hui, je suis comme ça, je ne sais pas rester à côté de la société, j'aime être solidaire plutôt que me mettre à l'abri.» C'est dans la Résistance qu'il prend le nom d'Emile Baulieu, qu'il gardera après la guerre.
Déçu par ceux qui ont «dévoyé» l'utopie communiste, son engagement va bientôt se manifester tout entier dans la science. «On est réellement obsédé quand on est chercheur», commente-t-il, en ajoutant que «la plus grande gloire pour un chercheur, c'est quand ce qu'il a découvert est tellement important que tout le monde oublie qui l'a trouvé».
Pour Etienne-Emile Baulieu, ce sera le RU 486, la pilule contragestive, dont il réalise la synthèse en 1981, et les combats menés, en France jusqu'en 1988, et aux Etats-Unis jusqu'en 2000, pour que les femmes puissent en bénéficier. Auparavant, Etienne-Emile Baulieu aura entre autres fait partie de la commission des sages chargés de se prononcer sur la pilule mise au point par le Dr Gregory Pincus, avec lequel il avait travaillé (elle sera autorisée en France en 1967) et aura signé en 1973 le manifeste des médecins pour la liberté de l'avortement.
Jusqu'à 200 ans.
Son autre grand sujet de recherche est la DHEA, dont il établit la structure dès 1963. «C'est tellement sérieux et normal de prendre de l'âge, souligne-t-il, que je parierais volontiers que l'homme, intelligent s'il en est, dans les 10000ans qui viennent, va trouver moyen de repousser significativement l'espérance de vie moyenne et maximale à 150, 200ans et même plus.»
Illustré de documents d'archives et, pour les jeunes années, de séquences de reconstitution avec comédiens qui n'étaient pas indispensables, le document vaut par la passion constante exprimée par le médecin, que la caméra suit sur les lieux importants de sa vie. « Etienne-Emile Baulieu, un optimiste convaincu », dit le titre. Un optimisme communicatif.
France 5, vendredi 2 novembre, 20 h 40, rediffusion dimanche 4 novembre à 9 h 45.
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