CINEMA
DE NOTRE ENVOYEE SPECIALE
RENEE CARTON
A VEC « la Pianiste », la sulfureuse romancière autrichienne a voulu montrer l'envers de la fierté nationale, la musique et les grands compositeurs, et « ce qu'on lui paye comme tribut », dénoncer « l'idolâtrie qu'on porte à cette Haute Culture musicale, qui fait vivre le pays ». Une critique de l'Autriche à travers un incroyable portrait de femme, qui emprunte quelques-uns de ses traits à l'écrivain mais est allégorique et non autobiographique.
Haneke, lui, entre tout de suite dans le vif du sujet : une femme, jeune encore, rentre chez elle pour se retrouver face à une mère abusive et en furie qui lui demande des comptes. Cette femme est une respectable et respectée professeur du conservatoire de musique et son autorité sur ses élèves est sans faille. Mais le reste de sa vie est un ramassis de frustrations et de moyens, plus troubles les uns que les autres, pour les oublier. Et l'équilibre plus que fragile qu'elle a trouvé va basculer avec la rencontre d'un jeune homme passionné, non dénué lui-même de talents musicaux.
Le réalisateur de « Funny Games » est un cinéaste précis et consciencieux. Il ne montre pas plus que ce qu'il faut montrer, mais pas moins non plus. Et s'agissant de sexualité brimée, qui se manifeste par le voyeurisme, puis par la violence, il ne cache ni les sexes, ni le sang. On en est parfois gêné pour les acteurs, Isabelle Huppert en particulier. Mais en grande comédienne qu'elle est, comme on le sait depuis longtemps, elle est au-dessus de ça et n'hésite pas à jouer les scènes les plus humiliantes. Il faut la voir passer de l'autorité froide à la passion folle, d'un commentaire détaché sur la façon de jouer Schumann ou Schubert à une position humiliante.
« La Pianiste » est ainsi un film troublé et troublant, reflet d'une folie sans doute plus ordinaire qu'on ne voudrait le croire. Qu'elle se manifeste, cette folie, par des choix sexuels caricaturaux, n'est pas le moindre des malaises que suscite le film. Qu'on l'aime ou pas, il laissera sa trace. Et l'on n'en admirera que plus Isabelle Huppert et, à ses côtés, Annie Girardot et Benoît Magimel.
Sortie le 5 septembre.
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