EN 2002, L’EQUIPE du Dr V. Ciagini a mis au point une nouvelle technique de lutte contre l’obésité fondée sur la stimulation intermittente du nerf vague par le biais d’un matériel implantable. Grâce à ce dispositif, un signal électrique qui reproduit l’effet de la satiété est transmis au cerveau. Puisque la régulation de la consommation de nourriture est le fruit d’un équilibre entre des processus d’excitation et d’inhibition, une stimulation de ces derniers peut permettre de diminuer les quantités absorbées et, de ce fait, de lutter contre l’excès de poids.
L’équipe du Dr Gene-Jack Wang (New York) a implanté un tel dispositif chez 7 sujets obèses (indice de masse corporelle au moment de l’intervention de 46) et, au bout de deux années d’utilisation intermittente, les obèses avaient perdu en moyenne 11,6 unités d’IMC (indice de masse corporelle). Afin de mieux comprendre l’effet de ce nouveau traitement, les auteurs ont procédé à une analyse par PET-scan (émission de positrons et utilisation de 2-deoxy-2 [18F] fluoro-D-glucose) des zones cérébrales stimulées par l’activation du dispositif. Par rapport aux périodes de non-stimulation, la mise en marche du dispositif implantable avait pour effet de majorer significativement le métabolisme de l’hippocampe (+ 18 %), du striatum (putamen et striatum ventral) et du cortex orbitofrontal droit (aires de Brodmann 11). La région droite du cervelet était, elle aussi, stimulée, mais la modification d’activité ne pouvait pas être considérée comme significative.
Une échelle à trois niveaux.
Les auteurs ont aussi analysé le type de comportement alimentaire en fonction de la stimulation en se fondant sur une échelle à trois niveaux : comportement alimentaire restreint de façon cognitive, consommation de nourriture incontrôlée ou liée à l’émotion. Lorsque l’appareil était activé, il existait une baisse de la consommation alimentaire liée à l’émotion alors que, lorsqu’il était éteint, les obèses déclaraient manger plus volontiers de façon incontrôlée.
Pour les auteurs, «ces données confirment le rôle du nerf vague dans la régulation de l’activité hippocampique et l’importance de cette région cérébrale dans les comportements de modulation de la consommation alimentaire liée à l’émotion ou non contrôlée». Les régions stimulées par le dispositif étant celles qui jouent aussi un rôle dans les phénomènes de régulation de la consommation des drogues chez les sujets toxicomanes, le Dr Wang estime que «les processus cérébraux qui incitent à la consommation de nourriture chez les obèses sont donc assez similaires à ceux impliqués dans la consommation de drogues chez les toxicomanes».
Les auteurs reconnaissent que le faible nombre de sujets inclus peut constituer un biais dans cette étude dont les résultats ne pourraient être confirmés que par la réalisation de tests similaires chez des sujets sains et par des expérimentations répétées dans le temps chez des obèses appareillés.
« Proc Natl Acad Sci USA », édition avancée en ligne.
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