EN 1670, LOUIS XIV signe une ordonnance créant les Invalides, «pour que ceux qui ont risqué leur vie ou versé leur sang pour la défense de la monarchie finissent leurs jours dans la tranquillité». Trois siècles et quelque plus tard, l’organisation a changé, mais le but original persiste : l’Institution nationale des Invalides accueille une centaine de pensionnaires, blessés de la Première Guerre mondiale, résistants de la Seconde, déportés, anciens combattants des guerres d’Indochine et d’Algérie ou victimes civiles...
Le journaliste François Pédron et le photographe Jacques Bravo sont allés à leur rencontre et offrent dans « l’Institution nationale des Invalides - Hymne à la vie » 32 portraits, 32 histoires de souffrances, de courage et souvent d’espoir. Lucienne Fournier, la doyenne, fauchée en 1918 par « la grosse Bertha » et qu’il a fallu amputer d’une jambe ; Inès Etcheto-Reisz, la résistante, rescapée de Ravensbrück et de Bergen-Belsen ; Armelle Drouan, qui a sauté sur une mine en 1945, lors de la campagne d’Alsace, et y a perdu une jambe, à 23 ans ; Joseph Heyrand, résistant de la première heure, plusieurs fois arrêté et évadé ; Jacques Beaugé, aveuglé par l’explosion d’une grenade lors de la bataille d’El Alamein ; le lieutenant-colonel Michel Désiré, blessé en juin 1940 puis, plus tard, à Dien Bien Phu ; Maurice Acquistapace, paralysé à la suite d’un mal mystérieux qui a tué 48 sur 50 des membres de son groupe d’appelés en Algérie. Et encore l’écrivain Jean Lartéguy ou Georges Mesnager, pensionnaire depuis 1971.
Les soignants aussi témoignent. Une équipe de pointe spécialisée dans la prise en charge et le traitement des grands traumatisés et la réadaptation fonctionnelle. Le médecin général inspecteur Christian Corbé, directeur de l’institution, évoque notamment les travaux sur la vision. Michel Peghini, médecin-chef des services, insiste sur le projet de vie au service des pensionnaires, Mathieu-François Agnello explique le travail du laboratoire d’orthèses-prothèses orthopédiques qu’il dirige. Patrick Hugeux, médecin-chef des services de médecine physique et de réadaptation, détaille son travail et celui de son équipe et l’approche du handicap dans un projet global.
Les grandes photos en noir et blanc en disent autant que le texte sur ce lieu particulier et ses occupants.
« Institution nationale des Invalides -Hymne à la vie », édité par l’association L’esprit de tous les combats en partenariat avec le ministère de la Défense et l’association les Gueules cassées,184 pages, 55 euros.
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