POUR LA PREMIERE FOIS depuis des années, les Victoires de la Musique 2004 ont fait l'impasse sur les gloires du passé préférant le choix de la jeune garde. Pas un seul monstre sacré au palmarès ! Ce crime de lèse-vétérans s'explique par la déferlante de nouveaux talents apparus sur la scène française depuis le début des années 2000. Si des groupes comme Mickey 3D ou Kyo ont été récompensés à trois reprises, d'authentiques révélations à l'image de la belle Carla Bruni, de Bénabar ou de Calogero ont obtenu respectivement les victoires dans des catégories convoitées : interprète féminine, album de chansons/variétés ou interprète masculin.
L'exemple de Carla Bruni-Tedeschi est celui d'une reconversion réussie. Cet ancien mannequin sculptural, âgée de 35 ans, s'est lancé dans la chanson voici trois ans en écrivant d'abord des chansons pour Julien Clerc, puis en sortant discrètement grâce à une ancienne relation, Louis Bertignac, ex-Téléphone, « Quelqu'un m'a dit » (Naïve), un disque folk-pop inspiré par des chanteuses comme Marianne Faithfull ou Joni Mitchell, qui s'est vendu à près de 1 million d'exemplaire en France et plus de 300 000 à l'étranger (1).
Autre femme à suivre, Keren Ann. Cette jeune personne est à l'origine du retour de Henri Salvador en 2000, puisqu'elle avait coécrit le fameux « Jardin d'hiver ». Multilingue, musicalement et textuellement protéiforme, Keren Ann, née à Tel Aviv d'un père russe israélien et d'une mère hollandaise, installée en France depuis l'âge de 11 ans, a publié quatre disques dans quatre pays différents. Etonnant.
Bénabar n'est pas à proprement parler un « nouveau ». Comme M., il est apparu sur scène à la fin des années 1990. A l'image d'un regretté Claude Nougaro ou d'un Robert Charlebois, le jeune homme, âgé de 34 ans, balance entre jazz, java, tango, blues, rock, swing et textes qui racontent souvent le quotidien, comme Georges Brassens ou Renaud. Anti-Star Ac', Bruno Bénabar, avec son album « les Risques du métier », fait un carton sans esbrouffe.
Dans la même veine, on trouve Vincent Delerm. A 27 ans, le pianiste, fils de l'écrivain Philippe Delerm, victoire de la musique en 2003, s'est aussi taillé une solide réputation d'auteur-compositeur à travers des textes très personnels, voire autobiographiques, un brin ironiques.
Autre trentenaire en vue, Stéphane Sansévérino (2). Surnommé le « marathonien de la scène », victoire de la musique en 2003, il vient de sortir son deuxième album, « les Sénégalaises » (Sony Music). Inspiré par le jazz manouche de Django Reinhardt, abreuvé de textes de Boris Vian ou de Bobby Lapointe, il adore les personnages pittoresques, la dérision, l'humour et surtout le swing.
Plus discret scéniquement, Benjamin Biolay est surtout reconnu par ses pairs pour ses talents et ses qualités de musicien, d'arrangeur et de compositeur. Des valeurs sûres comme Julien Clerc, Henri Salvador, Valérie Lagrange et plus récemment Juliette Gréco lui doivent une fière chandelle pour une renaissance artistique et populaire.
(1) Paris, Le Trianon, du 11 au 29 mai.
(2) Paris, Elysée-Montmartre, les 25, 26 et 27 mars.
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