RÉUNIS en assemblée générale, à Orly, les cadres de la Fédération des médecins de France (FMF) ont décidé d'en finir avec la stratégie d'opposition frontale, feuille de route du syndicat depuis 2005, et de passer à une «nouvelle phase» qui se traduira dans les prochaines semaines par une offensive sur tous les fronts.
Application immédiate : la centrale du président Jean-Claude Régi a décidé de participer ce soir à la réunion conventionnelle au siège de la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM) qui doit permettre de résoudre dans un avenant la question de la rémunération des astreintes du samedi après-midi. «La FMF a été sollicitée par la caisse pour contribuer à trouver une solution sur la permanence des soins, c'est une façon de conforter sa représentativité chez les généralistes», se réjouit le Dr Jean-Claude Régi. L'AG a mandaté la direction du syndicat pour «prendre toutes ses responsabilités» dans l'élaboration et la validation d'un éventuel accord PDS. Même s'il n'est pas (encore) question de signer la convention en l'état.
Deuxième étape : les états généraux de l'organisation de la santé (EGOS). Comme MG-France, autre opposant, la FMF a parfaitement mesuré l'intérêt de s'investir dans le cadre de cette concertation élargie qui trouvera, le moment venu, une double traduction législative (loi sur l'accès aux soins) et conventionnelle. Lors de son AG, la FMF a dressé une liste de points « durs » qu'elle défendra lors de ces états généraux : la pluridisciplinarité de la médecine de premier recours ; le respect de la liberté d'installation et l'ouverture d'espace de liberté tarifaire ; la redéfinition des places respectives des hôpitaux publics, privés, et de la médecine de ville ; le périmètre des délégations de tâches ; la place de la médecine libérale dans l'enseignement à la faculté ; ou encore le rôle des unions régionales de médecins libéraux (URML) dans les futures agences régionales de santé (ARS). «Nous sommes aux états généraux, et nous y sommes bien, il faudrait être autiste pour ne pas sentir que les choses sont en train de bouger, résume le Dr Régi. Le gouvernement a besoin du plus grand nombre de partenaires possibles pour lancer ses réformes en 2008…»«On ne fera pas éternellement la politique de la chaise vide», ajoute le Dr Jean-Paul Hamon, chef de file de la branche généraliste.
L'évolution de la FMF se traduit aussi par une volonté de montrer ses muscles en élargissant son audience, notamment auprès des médecins généralistes.
Un syndicat plus fort.
Au terme de longues tractations internes, la FMF a franchi le pas décisif permettant d'accueillir en son sein les membres d'Espace Généraliste (EG), syndicat actif dans les régions où il est implanté et qui a obtenu 12 % des voix aux élections professionnelles de 2006. «La FMF que l'on disait si frileuse a décidé de s'ouvrir dans le respect de ses principes fondateurs, explique le Dr Régi. Et si les médecins d'Espace Généraliste arrivent chez nous avec leurs idées, tant mieux, nous n'avons pas peur d'être colonisés! Si la FMF réussit cette opération, après avoir déjà accueilli les anciens coordonnés en 2002, moi j'aurai rassemblé.» Dans un premier temps, ce mariage de raison, souvent annoncé, mais jamais consommé, devrait passer par des adhésions à la FMF à l'échelon départemental. L'objectif fixé en assemblée générale est ambitieux : «Avancer vers la naissance du premier syndicat médical français.» Une autre façon pour la FMF d'afficher ses ambitions.
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