LE RÉALISATEUR allemand Wim Wenders récidive. Après avoir été à l'origine du redémarrage de la carrière de vieilles gloires oubliées de la musique cubaine traditionnelle - Compay Segundo, Omara Portuendo ou Ibrahim Ferrer, notamment - grâce au film-documentaire « Buena Vista Social Club », il présente un film du réalisateur argentin German Kral, « Musica cubana » (1), qui passe en revue quelques-uns des jeunes talents de la scène cubaine contemporaine.
Il va ainsi rencontrer le « Mick Jagger » local, « Mayito » Rivera, une rappeuse, Telmary, et des chanteurs et des musiciens émergeants comme « El Nene », Tirso Duarte ou Luis Franck, qui, sous l'appellation de « The Sons of Cuba », vont enregistrer la bande son d'un film fondé sur la tradition et la modernité de la musique de l'île (1).
A Cuba, il n'y a pas que le son, la salsa ou le cha-cha-cha, il y a aussi désormais le « reggaeton », un mélange de reagge jamaïcain et de rythmes cubains dont l'un des représentants est le groupe Maxima Alerta. Originaire de Santa Clara, une ville industrieuse du centre de Cuba, et composé de Ray Machado (alias « El Italiano »), Francisco Pantaleon (« El Panta »), Yoslin Aleman (« Mister Show ») et de Daniel Prado Morrel (« El Ninja »), le groupe vient de graver « Llegaron Los Alertas » (Lusafrica/BMG), un disque dans lequel les rythmes sont triomphants et sont de véritables invitations à la danse. Une musique irrésistible pour les boîtes et les fêtes cet été.
Le chanteur Isaac Delgado est une star dans son pays. Découvert par le pianiste Gonzalo Rubalcaba, il s'affirme au sein du groupe NG La Banda à la fin des années 1980, avant de voler de ses propres ailes et de devenir l'un des meilleurs chanteurs du continent sud-américain. Adepte de la salsa et du pilon, un style dansant entre mambo et cha-cha-cha, il vient d'enregistrer « Prohibido » (Lusafrica/BMG), avec une pléiade de musiciens, faisant de ce dandy romantique de 43 ans l'un des rois et une référence de la salsa moderne. Mucho caliente !
La chanteuse Leyanis Lopez est une fleur de Guantanamo, à l'est de Cuba où elle est née voici trente-quatre ans. Habituée des clubs et des festivals qui l'ont propulsée au top des vocalistes professionnelles de l'île, la jeune femme vient de sortir son troisième disque, « Corazon Presumido » (Doçura/Lusafrica/Harmonia Mundi). Interprétant des thèmes originaux écrits par ses auteurs fétiches et par Polo Montanez, récemment disparu, Leyanis Lopez est l'une des prêtresses du boléro, de la cancion, de la bachata, de la guajira et du son, autant de genres traditionnels de Cuba.
Miguel Aurelio « Anga » Diaz est considéré comme l'un des meilleurs percussionnistes au monde. Musicien au sein d'Irakéré, la pépinière cubaine du pianiste Chucho Valdez, accompagnateur des jazzmen Steve Coleman et Roy Hargrove ou du bassiste Cachaito Lopez, membre de l'Afro-Cuban All Stars, Anga, 44 ans, a su développer un style propre sur ses cinq congas et surtout exploser les barrières musicales tout en gardant un œil sur le jazz aux accents latins. Pour son dernier CD, « Echu Minga » (World Circuit/Night & Day), qui est un hommage à des légendes du jazz comme John Coltrane - avec une reprise magistrale avec cordes de « A Love Supreme » - Miles Davis ou Thelonious Monk (« [212]Round Midnight »), le virtuose s'est entouré du chanteur-percussionniste malien Maba Sissoko, du DJ Dee Nasty, du bassiste Cachaito, des pianistes Chucho Valdez et Ruben Gonzalez - dont c'est le dernier enregistrement - et du flûtiste Magic Malik. Le latin jazz dans sa perfection.
(1) Sortie du film le 22 juin/BO chez Naïve.
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