IL Y A SEULEMENT QUELQUES semaines, Pascale Briand n'imaginait pas que les élections régionales prendraient un tour si personnel. « Ma décision de m'engager dans cette campagne est intervenue très tardivement, au début de cette année, lorsque François Fillon et Jean-Luc Harousseau [respectivement ancien et actuel président du conseil régional] m'ont proposé la deuxième place de la liste UMP des Pays de la Loire », commente-t-elle.
La scientifique originaire de Nantes, qui fut conseillère de Jean-François Mattei pour la recherche et la bioéthique, considère son passage à la politique comme une « évolution naturelle, la mise en perspective d'une activité principale, à un autre niveau d'intervention ».
D'un naturel réservé, l'hyperactive quinquagénaire se retrouve sous les feux des projecteurs depuis sa nomination au printemps dernier à la tête de la Mission interministérielle pour la lutte contre le cancer (Milc). Le milieu politique n'est pas resté éternellement indifférent à son ascension fulgurante. Après deux doctorats en médecine et en biochimie, Pascale Briand entre au laboratoire de biochimie génétique de Necker où elle effectue des recherches sur les maladies héréditaires du métabolisme. Elle intègre l'Inserm en 1983, avant de prendre la direction d'une unité génétique et de pathologie expérimentale à Cochin. En 1994, elle accède au département « biologie médecine santé » au ministère de la Recherche, puis devient directrice adjointe de l'école normale supérieure (Ens) en 2000. Pour justifier cette pluridisciplinarité, Pascale Briand met en avant sa volonté d'ouverture, une constante tout au long de son parcours : « A l'Ens, j'ai développé les doubles cursus. Je souhaitais que les étudiants des filières scientifiques puissent se tourner vers les sciences humaines car aucune science ne peut se suffire à elle-même. »
Les voyages forment les hommes politiques.
Depuis la mise en place du plan Cancer, Pascale Briand a beaucoup voyagé. En avril, elle achèvera par la Corse et la Lorraine son tour de France des régions. « Ces déplacements m'ont permis de décliner le plan de lutte contre le cancer, de rencontrer les associations de patients, les professionnels de santé et les représentants de l'assurance-maladie de toutes les régions afin d'établir un tableau de marche », explique-t-elle. En visite à La Roche-sur-Yon (Vendée) la semaine dernière, la candidate a dressé un premier bilan national de la mission Cancer devant une assemblée composée de médecins, de membres d'associations et d'élus. Elle a rappelé le retard de la France en matière de prévention contre un fléau responsable chaque année de la mort de 150 000 personnes. « La mortalité prématurée, avant 65 ans, liée au cancer est supérieure de 20 % à la moyenne européenne », soupire-t-elle. Dans les Pays de la loire, la maladie est la première cause de décès dans cette tranche d'âge. En un an, certaines campagnes de prévention et de dépistage ont pourtant déjà porté leurs fruits. La lutte contre le tabagisme et le dépistage du cancer du sein est un bon début, mais elle doit s'inscrire dans la durée : « Dans les quarante départements où les femmes de 50 à 74 ans ont été invitées à une mammographie gratuite, le taux de participation a été d'environ 50 %, nous devons atteindre les 80 % à l'échelle nationale. » Pascale Briand souhaite également développer le dépistage des cancers de l'utérus, du mélanome et du côlon, « à l'origine de milliers de décès évitables chaque année ».
Prévention, équité des soins et recherche.
En Vendée, le Dr Briand a évoqué les grandes lignes du programme sanitaire de la liste UMP pour les élections régionales. La recherche contre le cancer y a évidemment toute sa place : « Nous souhaitons faire du cancéropôle du grand Ouest un centre d'excellence en finançant les équipes de chercheurs ainsi que l'acquisition des nouveaux matériels nécessaires aux soins des malades, comme le cyclotron, qui permet de visualiser précocement des cellules cancéreuses dans un organisme vivant. »
Les régions disposent de faibles compétences sanitaires et sociales, mais peuvent, selon elle, s'impliquer davantage dans les campagnes de prévention dans les entreprises et le milieu scolaire qui sont sous leur responsabilité. « Leur rôle doit être de lutter contre l'exclusion sociale qu'entraîne la maladie, en favorisant la réinsertion professionnelle des salariés qui en ont été victimes », souligne-t-elle.
Mais c'est avant tout l'équité de l'accès aux soins dans toutes les régions de l'Hexagone que Pascale Briand érige en priorité. « Il faut qu'autour des établissements de haute technicité se mettent en place des relais avec les établissements de proximité et les services d'hospitalisation à domicile. » A ce titre, la candidate se félicite que les Pas de la Loire fassent partie des quatre régions pilotes (avec la Basse-Normandie, l'Aquitaine et la Réunion) où le dossier communicant est actuellement expérimenté. « En disposant d'un accès informatique en haut débit, ces régions facilitent le travail en réseau des professionnels de santé. »
Alors que le monde de la recherche est en émoi depuis plusieurs semaines, Pascale Briand affiche son intention de contribuer à augmenter de 2 000 à 5 000 le nombre de chercheurs dans les Pays de la Loire. « Pour être plus attractives, certaines filières, comme la cancérologie ou l'hématologie, doivent être renforcées et proposer aux internes la perspective de postes de chef de clinique. » Pascale Briand n'oublie pas qu'avant de se lancer en politique elle a été chercheuse. A l'évocation de la fin programmée du plan Cancer en 2007, elle lâche : « Cinq ans, une durée idéale pour mener un projet. »
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