A LORS que leur mouvement de grève dure déjà depuis le 20 mars, les sages-femmes manifestent cet après-midi à Paris à l'appel de la Coordination nationale, de la place Denfert-Rochereau à l'Assemblée nationale.
Après avoir adressé, individuellement, aux 15 000 sages-femmes, une lettre indiquant qu'il restait ouvert au dialogue, le ministre délégué à la Santé, Bernard Kouchner, s'est engagé à recevoir leur délégation demain à 14 heures.
Un moment clé, puisque c'est également demain qu'a lieu la réunion du comité de suivi du protocole d'accord signé le 14 mars dans la fonction publique hospitalière.
La coordination des sages-femmes, qui compte aujourd'hui réunir de nombreux manifestants, demande « au ministère et aux syndicats signataires (CFDT, FO, UNSA, SNCH et CFE-CGC) de l'accord de négocier dans le cadre du comité de suivi, une amélioration de leurs grilles indiciaires ». En vertu de ce protocole d'accord, sont seules invitées à ce comité les organisations signataires. Parmi elles, FO estime qu' « il est possible d'apporter tout de suite des améliorations à certaines catégories de sages-femmes », notamment en les recrutant au second échelon au lieu du premier en début de carrière.
Les suggestions du PS
« Il y a deux écueils à éviter », observe le Dr Claude Pigement, qui occupe désormais la fonction de délégué national du Parti socialiste à la santé. Le premier est la surenchère. « C'est à quoi aboutit la demande de certaines sages-femmes, qui veulent rouvrir le protocole d'accord du 14 mars. Il n'y a pas de raison de remettre en cause cet accord qui a été signé par cinq syndicats représentatifs. Une telle démarche reviendrait à ouvrir la boîte de Pandore, car toutes les professions voudraient en faire autant », estime le Dr Pigement.
Le deuxième écueil qu'il veut éviter est le pourrissement et l'immobilisme. « Le mouvement des sages-femmes est populaire, il traduit une crise d'identité, c'est un mouvement très profond auquel il faut répondre », souligne-t-il.
Parmi les pistes à explorer, il propose une revalorisation salariale dans le cadre du protocole d'accord. « La solution est d'accélérer le passage d'un échelon à l'autre. On leur propose 300 F en début de carrière, 1 800 F en fin de carrière. C'est trop peu, il faudrait se rapprocher de 800 F en début de carrière », ajoute-t-il. Il faut accélérer les promotions internes. A titre de comparaison, les infirmières-anesthésistes ont obtenu 450 F en début de carrière .
Une autre solution consisterait à verser une prime aux sages-femmes au titre du caractère médical de leur activité.
L'autre piste de négociation proposée par le PS concerne le statut même des sages-femmes. « Le caractère médical de cette profession correspond de plus en plus à leur mission, étant donné les actes diagnostiques et thérapeutiques qu'elle pratique. Pourtant, elle est mise sur les mêmes rangs que les professions paramédicales, notamment dans l'accord du 14 mars », regrette-t-il, en demandant que la réforme de leur formation initiale (une formation universitaire d'un an, commune avec les médecins) soit avalisée par les doyens.
Le Dr Pigement voit en tout cas dans le mouvement des sages-femmes « un concentré du malaise de l'hôpital public dans son ensemble » et il espère que demain, le comité de suivi du protocole d'accord apportera un heureux dénouement. « Cela permettrait d'instaurer un climat de confiance entre le gouvernement, le comité de suivi et les sages-femmes », commente-t-il.
Dans le secteur privé, il considère que c'est aux employeurs de régler le problème, tandis que les négociations sont en cours entre les syndicats et les fédérations des cliniques. Pour les sages-femmes libérales, le dossier est en bonne voie, puisqu'un changement de la nomenclature a été proposé.
Les Verts demandent eux aussi que les sages-femmes aient droit à un « statut médical », ainsi qu' « une augmentation des effectifs et un réajustement de leur rémunération », conformément à ce qu'elles revendiquent.
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