Infections fongiques présumées

La nouvelle indication de la caspofungine

Publié le 17/11/2004
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LES ESPECES de Candida et d'Aspergillus sont souvent en cause dans les infections fongiques invasives qui sont à l'origine de mortalité élevée chez les sujets fragilisés. Vu que l'utilisation de l'amphotéricine B apparaît limitée du fait de la toxicité rénale et que les interactions médicamenteuses fréquentes des antifongiques triazolés posent problème, une nouvelle classe d'antifongiques représente un nouveau progrès thérapeutique. Cancidas est le premier médicament de la classe des échinocandines qui inhibent la synthèse du glucane, un constituant essentiel de la paroi cellulaire fongique (il ne se trouve pas dans les cellules humaines). Pour la petite histoire, il est issu d'un champignon isolé dans l'eau d'un marais de la vallée de la rivière Lozoya en Espagne. Cancidas avait obtenu d'abord une AMM européenne (octobre 2001) dans le traitement de l'aspergillose invasive chez les patients réfractaires ou intolérants à l'amphotéricine, à des formulations lipidiques d'amphotéricine B et/ou l'itraconazole, puis une AMM européenne (février 2004) dans le traitement de la candidose invasive chez les patients adultes.
Depuis le 13 mai 2004, Cancidas est également indiqué dans le traitement empirique des infections fongiques présumées (notamment à Candida ou Aspergillus) chez les patients adultes neutropéniques fébriles. A noter que son efficacité sur les levures non Candida et les champignons non Aspergillus rares, tels que Trichosporon, Fusarium, Mucor et Rhizopus, n'a pas été établie.

Une grande étude prospective.
L'extension d'indication de Cancidas repose sur les résultats d'une nouvelle étude clinique, la plus large étude prospective jamais réalisée dans le traitement antifongique empirique. Elle a porté sur 1 100 patients (dans 116 centres investigateurs répartis dans 26 pays) ayant reçu une chimiothérapie anticancéreuse ou subi une greffe de cellules souches hématopoïétiques et présentant une neutropénie induite (< 500 cellules/mm3) et une fièvre persistante ne répondant pas à une antibiothérapie à large spectre probabiliste depuis au moins 96 heures. Cette étude avait pour but de comparer l'efficacité et la tolérance de caspofungine (dose de charge de 70 mg le premier jour suivie de 5O mg par jour) à l'amphotéricine B liposomale (3 mg/kg/j), en utilisant un critère de jugement principal composite comportant cinq items. Les résultats montrent que, dans l'analyse principale d'efficacité mesurée en réponse globale comme favorable, Cancidas (33,9 %) a été aussi efficace que l'amphotéricine B liposomale (33,7 %). Voici les résultats sur chacun des cinq critères : succès thérapeutique quelle que soit l'infection fongique initiale (caspofungine 51,9 % versus amphotéricine B liposomale 25,9 %), absence de survenue d'infection fongique au cours du traitement ou dans les 7 jours après la fin du traitement (respectivement 94,8 % vs 95,5 %), survie à sept jours après la fin du traitement de l'étude (92,6 % vs 89,2 %), absence de sortie d'étude due à une toxicité liée à ce médicament ou à un manque d'efficacité, disparition de la fièvre au cours de la période de neutropénie (41,2 % vs 41,4 %). Le traitement par Cancidas apparaît mieux toléré, notamment en termes d'effets secondaires rénaux (2,6 % vs 11,5 %), d'effets indésirables liés à la perfusion (35 % vs 51 %), d'effets indésirables liés au traitement ( 54 % vs 69 %) et d'arrêts dus à un effet indésirable lié au traitement (5 % vs 8 %).

Conférence de presse organisée par les Laboratoires MSD, en présence du Pr B. Dupont (Paris) et des Drs J.-H. Bourhis (Villejuif) et E. Dohin (Laboratoires MSD).

&gt; LUDMILA COUTURIER

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7634