« Nous avons réussi à créer un esprit d’équipe collectif autour d’objectifs communs en organisant notamment des forums et des séminaires du personnel. Nous avons adopté des processus métier pour être sûrs de parler le même langage », se félicite François Dumuis, directeur général de l’ARS d’Auvergne. Et pour impulser la même synergie avec les acteurs des champs médical, social et médico-social, le DG les a conviés à un exercice poussé de la démocratie sanitaire locale : « Toutes les composantes du projet régional de santé (PRS) ont été soumises à la concertation. » Un croisement des approches qui doit faciliter l’interprofessionnalité. Même démarche au sein de l’union régionale des professionnels de santé (URPS) pharmaciens d’Île-de-France qui multiplie, elle aussi, les rencontres dans l’espoir de faire émerger une culture commune à ses membres : « Nous organisons des réunions avec l’ensemble des professionnels de santé depuis un an et, en octobre prochain, nous organiserons une première journée de rencontres pour l’ensemble des membres », précise Renaud Nadjahi, son président.
Des projets probants déjà en cours de réalisation
Ces démarches s’avèrent probantes si l’on en croit l’exemple de l’Auvergne qui affiche déjà cinq projets de protocoles de délégation de tâches entre professionnels de santé. Autre exemple de rapprochement fructueux : l’anticipation de la démographie médicale et paramédicale au sein du comité régional de l’observatoire des professions de santé qui regroupe les doyens de facultés ainsi que les représentants des ordres, des syndicats et des unions. « Ce travail préalable nous permet d’utiliser au mieux les outils que sont les zonages conventionnels, le schéma régional d’organisation des soins (Sros), les contrats d’engagement de service public. Nous avons déjà des stratégies communes concernant les généralistes et sommes en train de le faire pour les spécialistes », précise François Dumuis. De son côté, son homologue Michel Laforcade, DG de l’ARS limousine, compte sur ses « vingt-deux projets de maisons de santé », dont « six » qui ont déjà vu le jour, pour contrer la baisse à venir du nombre de médecins. Et de poursuivre : « Nous avons organisé onze consultations avancées de spécialistes en zone déficitaire et dix-neuf consultations supplémentaires devraient s’y ajouter d’ici à la fin 2012. Les contrats d’engagement de service public (CESP) constituent un bon outil mais pas encore suffisamment attrayant pour les jeunes générations. Nous en faisons la promotion auprès des lycéens pour les inciter à s’engager dans les études de médecine. Et entre-temps, nous dispensons des allocations fidélité médecine. »
Nouveau gouvernement, nouvelle feuille de route ?
Agences et URPS doivent-elles cependant craindre la remise en cause de la loi HPST et donc de leur rôle par le nouveau gouvernement ? Non, répond à Limoges Michel Laforcade : « Il n’existe pas d’interrogations sur la pérennité des ARS. Le fil rouge des prochaines années sera une pause institutionnelle, législative et réglementaire. Nous devrions assister à une inflexion de la politique mais pas à un jeu de Meccano. ». Même espoir chez Renaud Nadjahi, président de l’URPS pharmacien d’Île-de-France qui, par prudence, souhaite rencontrer Marisol Touraine.
Les objectifs se sont cependant enrichis de nouvelles priorités, telles que la lutte contre les dépassements d’honoraires. Cet item dépasse certes les strictes compétences des agences « mais la négociation des projets de maison de santé, ainsi que celle des projets de coopération entre hôpitaux publics et cliniques privées inclut l’exercice en secteur 1 », assure François Dumuis. Autre impératif énoncé par Marisol Touraine : l’ancrage de l’action des ARS au plus près du terrain, dans une optique de promotion de la santé publique. Michel Laforcade en est ravi car son agence promeut de nombreuses initiatives en la matière : « Nous souhaitons mettre en place un système de dépistage systématique de la surdité dans les huit maternités du Limousin ainsi qu’un programme de maternité sans tabac. En ce qui concerne les personnes âgées, nous avons développé l’évaluation à domicile par les experts des Ehpad (Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) en vue d’un maintien plus long, ou encore, de la pratique du “baluchonnage” québécois, qui consiste à envoyer un professionnel de l’hôpital au domicile du patient, pour préparer son retour. »
Un rôle de prévention renforcé pour les pharmacies
L’agence a également conclu quatre contrats locaux de santé qui obéissent à une logique explicite d’octroi de moyens supplémentaires dans des territoires où les habitants se détournent des soins. Les agences devraient d’ailleurs trouver dans les pharmacies d’officine des relais volontaristes pour la promotion des campagnes de santé publique. En effet, la loi HPST puis la nouvelle convention les reconnaissent enfin comme de véritables acteurs de prévention : « Tout patient dispose d’une pharmacie à moins de dix kilomètres. Nos 22 000 officines sont le théâtre de 4 millions de passages par jour, y compris de la part des bien-portants, ce qui ouvre la possibilité d’agir en prévention. J’aimerais que nos vitrines servent à la prévention de l’asthme, du diabète, des maladies cardio-vasculaires et non à celle des rides ! », sourit Renaud Nadjahi.
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