Le tabac est mauvais pour la santé, le tabac est le grand pourvoyeur de cancers pulmonaires, des tumeurs en progression dans tous les pays, ce n'est certainement pas un pneumologue qui dira le contraire, mais la nicotine n'est pas en cause dans la carcinogenèse. En revanche, c'est elle qui est responsable de la dépendance au tabac. Cette substance, dont les récepteurs sont présents sur toutes les cellules de l'organisme, pourrait avoir un intérêt thérapeutique. En effet, la nicotine est un anti-inflammatoire puissant et un bronchodilatateur, explique le Dr Yvan Cormier. C'est pourquoi cette équipe québécoise a eu l'idée de mettre au point un dérivé synthétique de la nicotine capable de stimuler les récepteurs, mais qui ne traverse pas la barrière hémato-encéphalique et ne risque donc pas de créer une dépendance.
Ce produit, dénommé DMPP, agoniste des récepteurs nicotiniques a été étudié chez la souris dans deux modèles, l'un d'asthme, l'autre de pneumopathie d'hypersensibilité. Les auteurs ont observé, sous l'effet du traitement, une diminution franche des phénomènes inflammatoires, une réduction de l'hyperréactivité bronchique et de la réponse aux différents bronchostimulants dans le modèle asthmatique, une baisse des taux de leucotriènes dont on connaît les effets bronchoconstricteurs, et une augmentation des prostaglandines bronchodilatatrices. Le DMPP, qui est une molécule simple, facile à synthétiser, assure donc, dans ces modèles animaux, une triple action : contre l'hyperréactivité bronchique, contre le bronchospasme et contre l'inflammation.
L'expérience a ensuite été menée in vitro sur des cellules humaines de sujets sains et de patients asthmatiques ; des résultats comparables ont été obtenus. Le DMPP bloque la cascade inflammatoire en inhibant à la fois les leucotriènes et le TNF alpha. Cette molécule devrait maintenant être étudiée in vivo. Ses propriétés originales en font, en effet, un excellent candidat au traitement de l'asthme et de l'hyperéractivité bronchique, mais son efficacité et sa tolérance devront être confirmées par des essais cliniques avant d'envisager sa place dans l'arsenal thérapeutique antiasthmatique.
D'après un entretien avec le Dr Yvan Cormier, hôpital Laval, Sainte-Foy, Québec.
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