Les résultats d'études expérimentales suggèrent que la neurostimulation électrique transcutanée (NSTC) réduit la douleur par inhibition de la transmission du message nociceptif au niveau présynaptique dans la corne postérieure de la moelle.
Le mécanisme de l'analgésie est expliqué par la théorie du portillon « Gate Control » élaborée par Melzack et Wall en 1965. En période normale, la porte est fermée inhibant la transmission nociceptive via les fibres C de faible diamètre depuis la périphérie jusqu'aux cellules T de la corne dorsale. Lorsqu'il y a une stimulation douloureuse périphérique, l'information véhiculée par les fibres C atteint les cellules T. La porte s'ouvre permettant la transmission de la douleur au niveau central : au thalamus et au cortex. Cette porte pourrait être maintenue fermée par la stimulation des fibres myélinisées de gros calibre A responsables de la transmission du tact. Ces fibres pourraient activer les cellules T et inhiber la transmission du message nociceptif au niveau médullaire.
Des courants de haute fréquence ou de basse fréquence
Pour la NSTC deux types de courants peuvent être employés :
- un courant à haute fréquence (40-150 Hz) et de faible intensité qui stimule les fibres du tact et de la proprioception. Il est utilisé pour une lésion neurologique périphérique à condition que les fibres du tact soient conservées : on substitue alors une sensation tactile (fourmillements) à une sensation douloureuse.
L'analgésie est immédiate, elle peut durer même après l'arrêt du stimulus, mais elle diminue rapidement dans la plupart des cas ;
- un courant de basse fréquence (1-10 Hz) et d'intensité élevée s'apparentant au courant électroacupunctural. Cette stimulation entraîne la sécrétion d'opioïdes endogènes et un effet analgésique locorégional prolongé et différé par rapport au début de la stimulation.
L'appareil de neurostimulation électrique transcutané est composé d'un boîtier contenant un ou plusieurs générateurs de signaux électriques, d'une batterie et d'un ensemble d'électrodes autocollantes (de 2 à 4).
L'appareil est petit, peu encombrant et fixé à la ceinture. Il peut être programmé. L'assurance maladie prend en charge les six premiers mois du traitement en location, puis l'achat de l'appareil le cas échéant.
L'intensité, la durée et la fréquence des stimuli électriques sont réglables. Chaque patient détermine avec le médecin les réglages qui lui conviennent.
Au cours d'une première séance-test, le patient apprend à se servir de l'appareil et en évalue l'efficacité. Les électrodes sont positionnées à proximité de la zone douloureuse ou dans le métamère correspondant au territoire neurologique lésé. La fréquence est choisie en fonction de l'efficacité, de la tolérance, de l'effet attendu : analgésie immédiate dans un métamère ou locorégionale durable.
L'intensité est fixée par le patient afin d'obtenir une sensation tactile non douloureuse. Enfin, les conditions de stimulation durée et rythme dans la journée sont adaptées à chaque patient.
L'effet analgésique peut être évalué immédiatement, mais il faut savoir répéter les séances en faisant varier les paramètres en cas de non-efficacité avant de conclure à un échec.
Les effets secondaires sont rares et liés à l'utilisation d'électrodes autocollantes : risque de brûlures superficielles locales ou allergies au point de contact.
Il peut y avoir aussi une intolérance aux fourmillement et parfois une aggravation des douleurs.
La neurostimulation électrique transcutanée est contre-indiquée chez des patients porteurs d'un stimulateur cardiaque et chez les femmes enceintes, en dehors de la période de travail.
Les électrodes ne doivent pas être posées sur le sinus carotidien, sur la face antérieure du cou à cause de la possibilité d'un laryngospasme, sur une zone hypoesthésique en cas de lésion nerveuse ou de neuropathies, à cause de la possibilité de brûlures.
Enfin, elle est déconseillée chez les patients ayant des difficultés de compréhension de la méthode.
Douleurs neurogènes, ostéoarticulaires et viscérales
Les indications de la neurostimulation électrique transcutanée sont :
- les douleurs neurogènes périphériques (douleur par désafférentation, douleur fantôme, névralgie postzostérienne, névralgie du trijumeau, avulsion du plexus brachial, douleur médullaire posttraumatique) ;
- les douleurs de l'appareil locomoteur : polyarthrite rhumatoïde, arthrose, entorse, tendinite, algoneurodystrophie ;
- les douleurs aiguës postopératoires, obstétricales et viscérales.
L'évaluation de la NSTC est difficile et peu d'études contrôlées existent à ce jour. Néanmoins, l'intérêt de cette méthode de neuroanalgésie est, malgré la contrainte qu'elle impose, de rendre le patient autonome et d'améliorer sa qualité de vie. Elle permet aussi une réduction de la prise d'analgésiques et une reprise de la réadaptation fonctionnelle qui favorise la réinsertion socioprofessionnelle des sujets souffrant de douleurs chroniques.
Une étude au long cours récente réalisée sur des pathologies rhumatologiques montre que 30 % des patients la trouvent inefficace, mais que 50 % continuent le traitement après six mois. Parmi ceux pour lesquels le traitement s'est révélé efficace, 50 % ont repris une rééducation après un mois de traitement.
D'après un entretien avec le Dr Anne Coutaux, consultation d'évaluation et de traitement de la douleur, groupe hospitalier de la Pitié-Salpêtrière, Paris.
Nouvelle terminologie
L'allodynie correspond à une douleur causée par un stimulus qui, normalement, ne produit pas de douleur. Elle peut être tactile au contact léger, mécanique à la pression, vibratoire, thermique à la chaleur ou au froid.
L'hyperalgésie est une réponse exagérée à un stimulus qui est habituellement douloureux.
L'hyperesthésie est une sensibilité exagérée à une stimulation, elle correspond à un abaissement du seuil de perception.
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