D ANS la polyneuropathie distale symétrique, complication courante du diabète, le travail de Simon E.M. Eaton et coll. (Sheffield, Royaume-Uni) conforte l'idée d'un processus impliquant la moelle épinière, au-delà des nerfs périphériques. Cette étude indique une nouvelle direction de recherche pour tenter de détecter le processus neuropathique plus précocement, à un stade où l'on peut espérer avoir un moyen d'action.
Pour la compréhension de la pathogénie de la polyneuropathie diabétique, les recherches se sont focalisées, jusque-là, sur les aspects structuraux et fonctionnels des nerfs périphériques. Mais des observations nécropsiques et électrophysiologiques ont montré que les altérations sont probablement plus largement réparties. L'atteinte médullaire a été soupçonnée lorsqu'on a constaté que la stimulation médullaire est sans efficacité chez les patients ayant une symptomatologie lourde (perte de la sensation vibratoire et du sens de la position des articulations).
Trois sites anatomiques différents
Eaton et coll. ont utilisé l'IRM pour mesurer la section médullaire chez des diabétiques souffrant de neuropathie (n = 19) ou non (n = 10) et chez des patients sains (n = 10). L'imagerie à T2 a été examinée au niveau de 3 sites anatomiques différents : disque intervertébral C4/C5 et disques dorsaux D3/D4 et D9/D10.
Les résultats montrent que l'aire de la section médullaire est significativement réduite dans le groupe des diabétiques comparativement aux contrôles que ce soit en C4/C5 (p = 0,001) ou en D3/D4 (p = 0,016). L'aire de la section médullaire, dans le groupe des diabétiques exempts de neuropathie, est intermédiaire sans être significativement différente des deux autres groupes.
Le groupe des diabétiques souffrant de neuropathie présente un excès de poids de 10 kg en moyenne par rapport aux autres patients, sans que cette différence permette d'expliquer ce qui est observé à l'IRM.
L'altération médullaire est-elle primitive ou secondaire à la polyneuropathie diabétique ? Nul ne peut répondre à cette question actuellement. Il est possible que les dommages des nerfs périphériques provoquent secondairement un rétrécissement médullaire. Mais il est aussi envisageable que le dommage soit localisé d'abord au niveau de la moelle épinière et se propage ensuite aux nerfs périphériques. Quoiqu'il en soit, la maladie microvasculaire constatée à la nécropsie à l'intérieur de la moelle épinière, similaire à celle qui est observée au niveau des nerfs périphériques, suggère l'implication des mêmes mécanismes pathogéniques intervenant de manière simultanée.
« Lancet », vol. 358, 7 juillet 2001, pp. 35-36
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