Forme liée à une variante de la transthyrétine

La neuropathie amyloïde familiale bénéficie de la greffe de foie

Publié le 24/01/2008
Article réservé aux abonnés
1276172272F_Img305126.jpg

1276172272F_Img305126.jpg

NEUROPATHIES autosomiques dominantes rares, les neuropathies amyloïdes familiales liées à une variante Met30 de la transthyrétine (NAF Val30MetTTR) sont des affections graves qui conduisent au décès en une dizaine d'années en moyenne. Elles se présentent comme des polyneuropathies sensitivomotrices évolutives et sévères avec dysautonomie et amaigrissement. Grâce à la transplantation hépatique, il est possible de supprimer la principale source de transthyrétine mutée amyloïdogène, et les études à court terme ont suggéré que la greffe hépatique pouvait améliorer la neuropathie. A ce jour, on ne dispose d'aucune donnée quant à l'effet à long terme.

Entre 1993 et 2006, 90 patients avec une NAF Met30TTR symptomatique ont bénéficié d'une transplantation hépatique dans le cadre d'une étude prospective et monocentrique. Chez 49 de ces patients suivis pendant plus de 4 ans (moyenne 7 ans [4-13]), les scores cliniques, électrophysiologiques et de dysautonomie furent évalués de façon périodique. La survie fut étudiée selon la méthode de Kaplan-Meier et les facteurs pronostiques significatifs d'après le modèle de régression Cox.

Dysautonomie sympathique.

L'âge moyen de ces patients était de 38 ans (de 23 à 68). Il existait des antécédents familiaux chez 80 % d'entre eux et 81 % étaient d'origine portugaise. La durée moyenne des symptômes était de 3,6 plus ou moins 2,36 (0,5 – 15). Une dysautonomie symptomatique existait chez 90 % des patients, avec une hypotension orthostatique chez 45 % et une impuissance chez 66 % d'entre eux.

Après la transplantation hépatique, chez 37 patients sur 49 (76 %), la neuropathie n'a pas progressé ; parmi eux, 13 des 15 (87 %) qui avaient une neuropathie purement sensitive, 19 des 25 (76 %) qui avaient une neuropathie sensitivomotrice (SMN) modérée et 5 des 9 qui avaient une neuropathie sensitivomotrice sévère (marche avec aide). En revanche, chez 12 patients, la neuropathie s'est aggravée et 4 d'entre eux sont devenus grabataires. Il n'a été observé aucune amélioration de l'atteinte sensitivomotrice ni de symptômes de dysautonomie.

En ce qui concerne les taux de survie après transplantation hépatique à un, cinq et dix ans, ils sont respectivement de 88, 78 et 70 %. L'incontinence urinaire et l'hypotension orthostatique étaient des facteurs de risque significatifs et indépendants (p = 0,02). Après transplantation hépatique, la médiane de survie depuis le début de la maladie a doublé, atteignant 21 ans. Vingt-trois patients sont décédés après transplantation hépatique (extrêmes : 0-11 ans) : 10 au cours des premiers mois, 13 plus tardivement ; ces décès étaient d'origine infectieuse ou cardiaque. Huit patients (16 %) ont développé une ostéoarthropathie nerveuse touchant les pieds (n = 3), les genoux (n = 4), la hanche (n = 1), nécessitant un remplacement prothétique du genou dans les trois cas. Deux d'entre eux avaient une neuropathie purement sensitive et 6 une neuropathie sensitivomotrice. Quatre patients ont développé une insuffisance cardiaque, 2 une insuffisance rénale sévère nécessitant une hémodialyse. Sept patients ont développé des manifestations oculaires après transplantation hépatique, aboutissant à une cécité complète chez l'un d'entre eux.

D'après la communication de D. Adams lors des 8es Journées annuelles de recherche clinique de la Société française de neurologie, qui se sont tenues à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris).

> Dr BRIGITTE VALLOIS

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8297