Une nouvelle piste potentielle pour traiter l’obésité

La nesfatine-1, une molécule coupe-faim dans l’hypothalamus

Publié le 04/10/2006
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«J’AI BON espoir que notre peptide pourrait offrir un médicament pour traiter les sujets obèses», déclare au « Quotidien » le Dr Masatomo Mori (université Gunma, Maebashi, Japon), dont le travail est rapporté dans la revue « Nature ».

On sait que l’appétit est régulé, au moins en partie, dans l’hypothalamus, par le biais d’un certain nombre de molécules anorexigènes et orexigènes.

La leptine et l’alpha-MSH (alpha-Melanocyte-Stimulating Hormone) dérivée de la Pomc (proopiomelanocortine) sont des molécules anorexigènes importantes dans l’hypothalamus.

Masatomo Mori et coll. montrent qu’un fragment de la protéine sécrétée NUCB2, qu’ils ont désignée nesfatine-1 (pour Nefa - Nucleobindin2-Encoded Satiety and Fat-influencing Protein), est exprimé dans les noyaux de l’hypothalamus qui contrôlent l’appétit (noyau arqué et noyau paraventriculaire).

Chez le rat soumis à un jeûne prolongé, l’expression de la nesfatine-1 diminue dans le noyau paraventriculaire de l’hypothalamus.

Baisse de la prise alimentaire et perte de poids chez le rat.

Ils ont également constaté que l’injection intracérébroventriculaire de nesfatine-1 entraîne une baisse de la prise alimentaire chez le rat, de façon dose-dépendante, alors que l’injection d’un anticorps neutralisant la nesfatine-1 stimule l’appétit.

L’injection intracérébroventriculaire chronique de la nesfatine-1 fait perdre du poids aux rats, tandis que les rats gagnent du poids lors d’une injection intracérébroventriculaire chronique d’un oligonucléotide antisens dirigé contre le gène NUCB2.

La nesfatine-1 induit l’anorexie par la voie du signal mélanocortine, indépendante de la leptine. En effet, l’anorexie induite par la nesfatine survient chez des rats porteurs d’une mutation du récepteur leptine (rats Zucker), et un anticorps anti-nesfatine-1 ne bloque pas l’anorexie induite par la leptine. En revanche, l’injection centrale de l’alpha-MSH élève l’expression du gène NUCB2 dans le noyau paraventriculaire, et la satiété induite par la nesfatine-1 est abolie par un antagoniste du récepteur à la mélanocortine.

« Nature », 1er octobre 2006, Oh-I et coll., DOI : 10.1038/nature 05162.

> Dr V. N.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8023