LES PAYS membres de la région européenne de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) se sont engagés dans une politique d'élimination de la rougeole à l'horizon de l'année 2010. En France, le plan « Elimination de la rougeole et de la rubéole congénitale 2005-2010 » a été adopté par le conseil supérieur d'hygiène publique (Cshpf) le 18 mars dernier. Le plan repose sur la déclaration obligatoire, la confirmation biologique des cas et le renforcement de la politique vaccinale. Une circulaire de la Direction générale de la santé du 4 juillet fait le point sur l'ensemble des mesures dont la mise en œuvre imposera la « mobilisation de tous les acteurs : des cliniciens et des biologistes, des Ddass (médecins inspecteurs de santé publique - Misp - et infirmières), des médecins et infirmières de l'Education nationale, des médecins de crèche et les protections maternelle et infantile ... ». Afin qu'il soit largement diffusé, le « BEH » (n° 41-42/2005) publie le texte exhaustif de la circulaire.
Le calendrier vaccinal, modifié en 2005, prévoit deux doses du vaccin trivalent avant 24 mois (dont la première à 12 mois ou dès 9 mois si l'enfant est en collectivité) et un rattrapage pour les non- ou insuffisamment vaccinés (nés avant 1980) ainsi qu'une vaccination des professionnels de santé qui ont à prendre en charge des sujets à risque.
Notification et confirmation biologique des cas.
Tout cas de rougeole doit faire l'objet d'une déclaration. Même si la définition clinique ne suffit plus, le diagnostic doit être évoqué devant l'association d'une fièvre (> 38,5 °C), d'une éruption maculo-papuleuse et d'au moins un des signes suivants : conjonctivite, coryza, toux. Le signe de Koplik (tâches bleutées dans la bouche), pathognomonique de la maladie est inconstant et fugace (il apparaît vers la trente-sixième heure pour disparaître avec le début de l'éruption).
L'éruption maculo-papuleuse débute au niveau de la tête, s'étend progressivement de haut en bas et vers les extrémités en trois jours. Elle dure de cinq à six jours. Le malade est contagieux dès la vielle de l'apparition des premiers symptômes et jusqu'à cinq jours après le début de l'éruption.
La confirmation biologique repose sur la mise en évidence, en l'absence de vaccination dans les deux mois précédant le prélèvement, d'IgM spécifiques sur un seul prélèvement ou l'élévation des IgG de quatre fois au moins sur deux prélèvements espacés de dix à vingt jours. La sérologie sur prélèvement de sang reste la technique de référence et la plus appropriée à l'hôpital. En dehors de l'hôpital, la sérologie (préférentiellement la détection d'IgM) est la méthode de référence, recommandée lorsque le médecin libéral se trouve devant un premier cas clinique de rougeole. Cependant, la recherche d'IgM sur prélèvement salivaire, gratuite pour le patient, est une bonne technique alternative. « Le médecin pourra, à l'occasion du signalement d'un premier cas, demander des kits de prélèvement salivaire à la Ddass afin de permettre la confirmation biologique d'éventuels cas ultérieurs. »
Le signalement doit être envoyé sans délai et par tous moyens appropriés par les cliniciens et les biologistes qui font le diagnostic. Il sera suivi par l'envoi d'une fiche de notification adressée à la Ddass qui transmettra à l'InVS (Institut de veille sanitaire).
Le médecin chargé du malade recherche par l'interrogatoire une notion de contage : contact avec un cas de rougeole de sept à dix-huit jours avant le début de l'éruption. C'est lui qui prend les mesures d'éviction du malade de la collectivité, recommandée pendant toute la période de contagiosité. De même, il est responsable des mesures concernant l'entourage familial. Pour les contacts extrafamiliaux, c'est le Misp qui intervient en liaison avec les médecins des services concernés. Dans tous les cas, les mesures sont à mettre en place sans délai, que le cas soit confirmé ou non.
Rattrapage vaccinal.
« Les examens biologiques sont inutiles pour les contacts asymptomatiques », précise la circulaire. La recherche du statut vaccinal des sujets contacts est, elle, indispensable. Il doit être documenté sur le carnet de santé ou le carnet de vaccination, sinon « la personne est considérée comme non immunisée, potentiellement réceptive à la rougeole ».
Le médecin traitant des sujets contacts, en liaison avec un service hospitalier, évaluera au cas par cas l'intérêt de l'administration d'immunoglobulines en postexposition à un cas confirmé. Efficaces dans les six jours qui suivent le contact, elles sont recommandées chez la femme enceinte non vaccinée et sans antécédent de rougeole, chez le sujet immunodéprimé, les enfants de moins de 6 mois dont la mère présente une rougeole et les enfants de 6 à 11 mois non vaccinés. La mise à jour du calendrier vaccinal se fera dans un délai d'au moins trois mois après l'administration des IG. Pour les autres personnes exposées, un rattrapage vaccinal réalisé dans les soixante-douze heures suivant le contage présumé peut éviter la survenue de la maladie. Ses modalités varient suivant l'âge du sujet contact.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature