Arts
VERS LA FIN des années 1960, Giuseppe Penone conçoit ses premières œuvres dans la mouvance de l'Arte Povera, mouvement fondé par le critique Germano Celant. Expérience radicale qui souhaitait aboutir à « une décomposition du régime culturel imposé », l'Arte Povera défendait les principes d'un retour de l'art à l'essentiel : l'homme dans sa vérité, la vie dans sa pureté, la nature dans ses origines. L'art de Penone, réflexion inépuisable sur la relation entre la nature et la culture, est intimement lié aux valeurs prônées par ce mouvement. Mais les leitmotive et les idées de l'artiste sont si personnels, si sensibles et si charnels que visiter une exposition des œuvres de Penone, c'est pénétrer dans le secret d'une intimité.
L'arbre à modeler.
L'arbre. Le végétal, en général. Avec une infinie douceur, avec méticulosité, Penone observe les arbres, les interroge, les glorifie, avant de les prendre à bras-le-corps pour les façonner. Le thème de l'arbre est essentiel à l'œuvre de Penone : l'arbre est pour l'artiste « par la vitesse de sa croissance et la plasticité de sa matière (...) l'élément fluide idéal à modeler ».
Dès l'entrée, un petit arbre accueille le visiteur. Puis, c'est une forêt reconstituée dans l'espace du musée. Puis, un arbre de quatre mètres, dont l'artiste a enlevé les cernes de croissance pour en retrouver le cœur. Tout n'est que musicalité, poésie et mystère, dans ce travail de métamorphose de la nature, rythmé par des palpitations et des correspondances précieuses, et d'une grande élégance formelle. Ici, c'est un « Arbre des vertèbres », là, une salle tapissée de feuilles de laurier, plus loin, le travail mythologique « les Peaux de feuilles », suivi de la magnifique série de « Dépouille d'or sur épines d'acacia ».
Penone utilise le bronze, la pomme de terre, le cristal, le marbre de Carrare, le verre, le plâtre, la paraffine, le bois... Il creuse des empreintes dans la matière, il réalise des moulages, poursuit des recherches sur la peau, les ongles, les veines. Ses « actions » sont d'une poésie étonnante. Il « respire l'ombre », « renverse ses yeux », « se fait fleuve », matérialise le souffle en terre cuite, « transforme » le cuir en écorce d'arbre, questionne le temps. On est invité à une sorte de recréation du monde, puissante et originale.
« Penone, rétrospective (1968-2004) ». Centre Georges-Pompidou, Paris 4e. Galerie Sud, niveau 1, et galerie des Enfants, forum, niveau 0. Tlj, sauf mardi, de 11 h à 19 h. Tél. 01.44.78.12.33. Jusqu'au 23 août.
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