L'enjeu de la course à laquelle se livrent le Dr Antinori et Raël n'est pas mince puisqu'il s'agit de remporter le titre de père fondateur d'une race inédite, celle des personnes issues d'embryons clonés.
L'embryon obtenu par clonage résulte du transfert du patrimoine génétique d'une personne existante : on extrait l'ADN d'une cellule de cette personne pour le transférer dans un ovule, vidé du patrimoine génétique de la femme dont il provient.
Le professeur italien Severino Antinori affirme qu'une femme porteuse d'un embryon humain créé par clonage devrait donner le jour à son bébé au début du mois de janvier. Selon lui, la grossesse, qui en est à sa 33e semaine, se déroule bien « et le foetus, qui pèse 2,7kg, est sain ».
Se présentant comme « un défenseur des droits de l'homme » qui permet à des couples stériles d'avoir des enfants, le Pr Antinori indique qu'il n'est pas l'auteur de cette grossesse mais que sa « contribution est culturelle et scientifique ». Il précise qu'il ne participera pas à l'accouchement de cet enfant de sexe masculin et refuse de dévoiler le pays dans lequel il devrait naître. Selon le Pr Antonori, deux autres grossesses sont en cours dans « la même zone géographique », l'une de 28 semaines, l'autre de 27. Quant au taux de réussite de l'expérimentation, il serait de 10 %. Pour parvenir à ces trois grossesses, plus de 30 tentatives ont été réalisées, toujours selon le Pr Antinori.
300 embryons avant d'implanter
Du côté des raëliens, la scientifique française Brigitte Boisselier, « évêque » du mouvement et P-DG de la société de clonage humain Clonaid, se targue d'avoir obtenu « cinq grossesses en cours », dont une naissance annoncée pour la fin de l'année. Les couples seraient d'origine américaine, asiatique et européenne. La biologiste française précise que selon les tests prénatals, le foetus est jusqu'à présent en bonne santé. La naissance, qui aura lieu dans un pays autre que les Etats-Unis, ne se fera pas à terme. « Notre stratégie va être de la déclencher un peu avant pour différentes raisons », a déclaré la P-DG de Clonaid sans donner plus de précisions. « Nous avons fait plus de 300 embryons humains avant d'implanter et 3 500 essais sur des oeufs de vache et de cochon avant de commencer à travailler sur des oeufs humains », a-t-elle ajouté.
Brigitte Boisselier indique qu'elle espère annoncer publiquement la naissance quand elle se produira mais elle se heurte pour l'instant aux réticences du couple américain. « Ma réalité, c'est que je traite avec des parents qui attendent un enfant, a-t-elle expliqué. Maintenant que l'enfant est sur le point d'arriver, ils sont un peu réticents à s'afficher publiquement. »
Une trentaine de pays ont déjà interdit le clonage humain.
Le Conseil de l'Europe a inclus l'interdit du clonage humain reproductif dans le protocole additionnel à la convention d'Oviedo sur les droits de l'homme et la bioéthique, que la France doit ratifier après le vote de la loi bioéthique. Mais l'adoption d'une convention internationale sous l'égide des Nations unies n'a toujours pas abouti : certains pays, comme les Etats-Unis, veulent à la fois interdire le clonage reproductif et celui qui a des fins thérapeutiques tandis que d'autres ne veulent interdire que la méthode de reproduction. En Grande-Bretagne, par exemple, le clonage à des fins thérapeutiques est autorisé sous certaines conditions.
Vers un hybride homme-souris à vertu thérapeutique ?
Selon le « New York Times », une équipe de neuf chercheurs canadiens et américains se sont récemment rencontrés à New York pour discuter des cellules souches et des possibilités de créer un hybride homme-souris. « L'objectif serait de tester différents types de cellules souches d'embryon humain pour leur qualité et leur utilité potentielle dans le traitement de maladies spécifiques », a expliqué l'un des participants à cette réunion. A ce stade, aucune décision n'a été prise concernant le développement éventuel de telles expériences. Un tel hybride serait, selon le journal, une souris qui n'aurait que quelques cellules humaines.
La plupart des chercheurs semblent être d'accord sur l'importance et la valeur de la recherche sur les cellules souches homme-animal, tout en soulignant qu'il est auparavant indispensable d'en débattre scientifiquement et publiquement. Personne ne sait aujourd'hui si des cellules souches d'embryon humain survivraient dans un blastocyste de souris.
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