La myosite à inclusions sporadique au service de l'Alzheimer

Publié le 10/12/2001
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Entre la myosite à inclusions sporadique et la maladie d'Alzheimer, il y a un point commun troublant : l'amyloïde bêta semble avoir un rôle pathogène clé.

Cette myosite est caractérisée par des fibres musculaires vacuolisées, avec dépôts amyloïdes intracellulaires et accumulation d'un groupe de protéines qui sont aussi présentes dans le cerveau des patients ayant une maladie d'Alzheimer : protéine précurseur bêta amyloïde, amyloïde bêta, protéine tau phosphorylée, préséniline 1 et apo E.
Expérimentalement, l'hyperexpression du précurseur bêta amyloïde dans des fibres musculaires normales en culture induit chez celles-ci plusieurs caractéristiques de la myosite à inclusion sporadique ; ce qui suggère que l'accumulation de la protéine précurseur de l'amyloïde bêta (APP) et l'amyloïde bêta lui-même constituent une étape importante dans la pathogénie de cette myosite à inclusion.
L'amyloïde bêta provient du clivage de son précurseur par deux sécrétases nouvellement identifiées, appelées BACE 1 et BACE 2 (BACE : Beta site APP Cleaving Enzyme).

Deux enzymes de clivage

Pour évaluer le possible rôle de ces deux enzymes dans les fibres musculaires de cette myosite, l'équipe de Gaetano Vattemi (Los Angeles) a étudié par immunofluorescence leur expression, ainsi que celle du précurseur bêta amyloïde, dans des biopsies musculaires de 10 patients atteints de myosite à inclusion sporadique et, à titre comparatif, chez des sujets atteints de dermatomyosite, de polymyosite, de myopathie non spécifique, de neuropathie périphérique, de SLA, et chez des sujets sains.
Sans entrer dans le détails, les résultats montrent une expression accrue de BACE 1 et BACE 2 dans les muscles de myosite à inclusions, ces enzymes étant, qui plus est, localisées au même endroit que le précurseur bêta amyloïde. Ce qui suggère que les deux enzymes sont impliquées dans la dégradation du précurseur et la formation d'amyloïde bêta.
BACE 1 et BACE 2 pourraient avoir un rôle important dans la pathogenèse intracellulaire de la myosite à inclusion sporadique ainsi que dans la formation intraneuronale de neurofibrilles enchevêtrées et d'autres troubles intraneuronaux, que l'on observe dans la maladie d'Alzheimer.
« De la même façon que la maladie d'Alzheimer a permis d'étudier la myosite à inclusion sporadique, la réciproque pourrait être vraie. Par exemple, le tissu musculaire vivant humain, plus facilement accessible que le cerveau, peut être cultivé. Avec des études complémentaires incluant les BACE, les cultures musculaires pourraient contribuer à démêler l'écheveau de la pathogenèse à la fois de la myosite à inclusion et de la maladie d'Alzheimer », concluent les auteurs.

« Lancet « du 8 décembre 2001, pp. 1962-1964.

Dr E. de V.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7028