CONGRES HEBDO
La myofasciite à macrophages est une nouvelle myopathie inflammatoire qui a été découverte en 1998 par le GERMMAD (Groupe d'étude et de recherche sur les maladies musculaires acquises et dysimmunitaires) et enregistrée avec une incidence croissante dans les principaux centres de myopathologie français. Depuis son apparition, plus de 250 cas ont été colligés en France.
Le tableau clinique est dominé, chez un adulte d'âge variable (âge moyen : 43 ans, extrêmes : 25 à 70 ans, sex-ratio F/H =1,3), par une symptomatologie musculaire chronique (début 11,2 ± 8,7 mois en moyenne avant le diagnostic) associant myalgies chroniques et fatigabilité musculaire invalidante. Les myalgies chroniques, d'intensité variable (modérée à sévère) constituent la principale manifestation, notées dans 90 à 100 % des cas. Les myalgies prédominent aux membres, notamment membres inférieurs, parfois aggravées à l'effort. Le siège initial des myalgies, bien qu'inconstant (40 % des cas), est évocateur de MMF, d'autant que ce siège est rarement observé dans la fibromyalgie, le syndrome de fatigue chronique ou les autres myopathies inflammatoires. Les examens complémentaires sont inconstamment contributifs.
La biopsie musculaire, réalisée de façon chirurgicale afin de prélever et d'examiner les fascia, doit être pratiquée au niveau du deltoïde non dominant. Cette biopsie musculaire permet seule le diagnostic, objectivant un tableau histologique parfaitement stéréotypé : infiltration épi-, péri- et endomysiale par des macrophages cohésifs CD68+, PAS+, exprimant le MHC de classe II, associés à une souffrance myocytaire minime. Les marqueurs des cellules de la lignée langerhansienne (CD1a-, S100-) sont négatifs. Un très discret infiltrat lymphocytaire T CD8+ a parfois été associé. Il n'y a pas de cellules T CD4+, de cellules B CD20 ou plasmocytaires. L'infiltration s'étend de façon centripète à partir des fascia vers le muscle sous-jacent.
Origine suspectée de la MMF
Il n'y a pas de nécrose, de régénération, d'atrophie périfasciculaire, de cellules épithélioïdes, cellules géantes, de particules ou de corps étrangers. Les colorations de Ziehl-Neelsen, auramine, et Gram sont négatives.
Plusieurs travaux (microanalyse X, analyse ionique et spectroscopie d'émission) réalisés dans les centres de référence de la MMF, et notamment ceux de Philippe Moretto (Bordeaux) ont montré que les cristaux intramacrophagiques sont constitués de phosphate d'aluminium. L'absence d'intoxication systémique par l'aluminium, sa présence unique dans le deltoïde dominant des patients, l'apparition de la MMF en 1993-1994, date des campagnes de vaccination intensive et des modifications des modes vaccinaux (passage de la voie sous-cutanée à la voie intramusculaire, notamment pour le vaccin VHB) ont fait suspecter une origine vaccinale aluminique, chez des sujets probablement prédisposés, à l'origine de la MMF.
Les résultats d'une première étude réalisée par les membres du GERMMAD établissant un lien statistique formel entre lésions de MMF et vaccins aluminiques, résultats confortés par l'enquête épidémiologique de l'InVS (Institut national de veille sanitaire) posent un problème important de santé publique. Afin de confirmer ou d'infirmer cette hypothèse, une enquête épidémiologique réalisée par l'AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) a débuté, en collaboration avec le GERMMAD.
D'après la communication du Pr Patrick Cherin, service de médecine interne, hôpital la Salpêtrière, Paris
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