« Pour une politique de santé publique indépendante des politiques industrielles ». Le titre du plan de la Mutualité en donne d’emblée la tonalité. Pour Étienne Caniard, nouveau président de la Mutualité Française, échaudé par l’affaire du Mediator, « des changements en profondeur sont aujourd’hui nécessaires si on ne veut pas laisser se développer dans l’esprit de nos concitoyens un sentiment de suspicion à l’égard du médicament ».
Le plan de la Mutualité se décline en 10 propositions :
- Faire du progrès médical le critère des autorisations de mise sur le marché (AMM), et refuser les essais comparatifs contre placebo quand un traitement performant existe déjà.
- Tous les cinq ans, faire de la réévaluation une étape cruciale de la vie du médicament.
- Créer une structure post-AMM, financée par la puissance publique, comprenant un dispositif de pharmacovigilance et un centre de pharmacoépidémiologie, en la rattachant à l’Institut national de veille sanitaire (INVS).
- Mobiliser les professionnels de santé sur le bon usage des médicaments en intégrant la pharmacovigilance et l’utilisation des logiciels d’aide à la prescription dans les dispositifs conventionnels.
- Réformer la notion de service médical rendu. Simplifier la compréhension du système de prise en charge en faisant coïncider le taux de remboursement avec le niveau de service médical rendu.
- Réformer la politique conventionnelle liant l’État à l’industrie pharmaceutique. Conventionner par produit et non plus par laboratoire, afin de lever toute confusion entre logiques industrielles et sanitaires.
- Généraliser l’utilisation de la dénomination commune internationale (DCI), langage scientifique qui révèle la nature pharmacologique des médicaments et leur valeur thérapeutique.
- Suivre et analyser les prescriptions hors AMM pour les limiter aux cas médicalement justifiés, grâce au codage des pathologies.
- Réduire l’influence de l’industrie pharmaceutique sur les professionnels de santé par le réinvestissement de la sphère publique dans la formation initiale et continue et dans l’information.
- Faire en sorte que la politique européenne du médicament défende des objectifs de santé publique, notamment par une politique d’évaluation rigoureuse et une politique d’information indépendante.
La Mutualité souhaite verser ses propositions au débat public en cours, « notamment avec les Assises du Médicament récemment lancées par le gouvernement ».
Nos lecteurs pourront retrouver à ce sujet dans « Le Quotidien » du vendredi 11 mars un entretien avec Étienne Caniard.
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