Le président de la Mutualité Française Etienne Caniard a estimé jeudi qu'il fallait revaloriser les actes des médecins appliquant les tarifs de la Sécurité sociale, dans le cadre des négociations qui vont s'engager le 25 juillet sur les dépassements d'honoraires. «Il faut d'abord revaloriser les tarifs des médecins qui exercent en secteur 1, appliquant les tarifs de la Sécurité sociale», a-t-il expliqué dans un entretien aux Echos. La Mutualité ne signera pas d'accord qui les «laisse au bord du chemin», a prévenu le président de la Mutualité française. Il préconise une «prise en charge totale par la Sécurité sociale et les complémentaires des actes effectués dans le respect du parcours de soins» et la mise en place du «tiers payant intégral pour les patients, qui n'auraient plus à faire l'avance des frais».
La suggestion du président de la Mutualité colle avec les revendications de la plupart des syndicats médicaux qui tous jugent peu ou prou que des revalorisations en secteur 1 sont un préalable aux négociations sur la limitation des dépassements d’honoraires. «La FMF est prête à s'engager dans la discussion sur les dépassements pourvu que le gouvernement prenne les dispositions nécessaires pour revaloriser le secteur 1,» annonçait fin juin le syndicat de Jean-Paul Hamon. «La revalorisation des actes en tarif opposable du secteur 1 constitue le point dur de cette négociation,» estimait la CSMF il y a quelques jours. Quant à MG France, dans un communiqué publié le 5 juillet, il estimait qu’«un secteur 1 attractif est indispensable à la maîtrise des dépassements.» Le lendemain, le syndicat de Claude Leicher publiait avec la MGEN un communiqué commun appelant encore à «la promotion du secteur 1.»
Coup de pouce en secteur 1 ou coup de matraque en secteur 2 ?
Pour autant, il reste à convaincre la Sécu et le gouvernement. Pas facile dans le contexte actuel. Le président de la FNMF le reconnait volontiers: «les marges de manoeuvre sont faibles pour la Sécurité sociale comme pour les complémentaires qui remboursent déjà le tiers des 2,4 milliards d'euros de dépassements». «Si les mutuelles améliorent la prise en charge, il faudra en échange que ces dépassements soient contenus. Sans quoi l'augmentation des tarifs des mutuelles qui en découlerait menacerait l'accès aux complémentaires des plus fragiles», ajoute Etienne Caniard.
De son côté, Marisol Touraine s’est montrée jeudi sur Europe 1 très en retrait par rapport aux suggestions de la Mutualité, expliquant qu’elle n’était pas «sûre que l'enjeu soit une revalorisation générale des tarifs» du secteur 1. Un peu plus tard sur BFM TV, elle a estimé que l’un des «premiers enjeux de la négociation» serait plutôt de «définir les conditions dans lesquelles on va pouvoir sanctionner les abus.» La ministre de la Santé a insisté sur la nécessité d’une procédure «plus dissuasive» pour sanctionner et «interdire» les dépassements d'honoraires abusifs des médecins, jugeant que le Conseil de l'Ordre dont c'est le rôle «ne le fait pas». «Il y a des abus. Ces abus, ils concernent une minorité de médecins, mais ils doivent être très clairement interdits et sanctionnés», a insisté Marisol Touraine.
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