L A Mutualité française, qui redoute que le gouvernement ne se prononce pour une nouvelle baisse des taux de remboursement, a choisi de prendre les devants et de dénoncer ce qui apparaîtrait selon son président, Jean-Pierre Davant, comme « un assortiment de vieilles recettes éculées ».
La Fédération nationale de la Mutualité française (FNMF) appelle les pouvoirs publics « à prendre leurs responsabilités » et demande le déremboursement pur et simple des 835 médicaments dont le service médical rendu a été jugé insuffisant par la commission de la Transparence.
La Mutualité française juge en effet « inadmissible » que l'on continue à rembourser des produits « dont on sait depuis fort longtemps que le service médical rendu est quasi nul », alors que les milliards « ainsi gaspillés pourraient être utilement employés pour mieux prendre en charge le dentaire ou l'optique ou les audio-prothèses ».
Pour Jean-Pierre Davant, « s'il n'est pas anormal que la facture pharmaceutique augmente en France, l'essentiel de la croissance vertigineuse constatée ces dernières années n'a aucune légitimité médicale. Elle est à la fois la conséquence d'une politique commerciale musclée et de l'incapacité des pouvoirs publics à mettre en place une vraie politique du médicament ».
Le président de la Mutualité n'a pas eu de mots assez durs pour fustiger la politique conduite dans ce domaine par les pouvoirs publics au cours de ces dernières années, qui hésite selon lui entre « l'échec ou une allégeance coupable à l'égard des thèses et des intérêts de l'industrie pharmaceutique ». Il en veut pour preuve que, face à la forte croissance des volumes, les engagements de modération négociés avec les industriels « n'ont été que très rarement respectés » par ces derniers et « qu'aucune sanction n'a été prise ».
32 % des dépenses des mutuelles
Il faut dire que les organismes complémentaires, et notamment les mutuelles, contribuent à hauteur de 18 milliards de francs au remboursement des médicaments prescrits, soit 32 % de leurs dépenses. Un poste considérable, particulièrement alourdi par les médicaments mis en cause par l'AFSSAPS, dont le taux de remboursement est passé l'année dernière de 65 à 35 %. Ainsi, les veinotoniques arrivent en première position dans le classement des principales classes thérapeutiques prises en charge par les mutuelles. Et si parmi les dix premiers médicaments remboursés par les mutuelles, le Mopral, un anti-ulcéreux, arrive en tête, il est suivi par trois veinotoniques, le Daflon, le Veinamitol et le Ginkor. On comprend mieux pourquoi la Mutualité française pèse aujourd'hui de tout son poids en faveur du déremboursement plutôt que des baisses de taux de remboursement, voire des baisses de prix, et pour qu'il n'y ait plus qu'un seul niveau de remboursement, à 65 %. Mais la Mutualité a également plaidé en faveur d'autres mesures, comme le développement des médicaments génériques, l'autorisation de la prescription en DCI (dénomination commune internationale), la mise en place d'une politique en faveur du bon usage du médicament et le renforcement de l'enseignement de la thérapeutique dans les études médicales.
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