De 100 à 120 compressions par minute. Voici la recommandation internationale pour le massage cardiaque. Alors pour tenir ce rythme rapide certains auteurs ont suggéré aux personnels de santé de chanter mentalement un air connu et de se caler sur son tempo.
De ces propositions est née la mise en place d’une étude au cours d’une conférence du collège australien des ambulanciers, à Auckland, en Nouvelle-Zélande. Son objectif était d’évaluer ce qui permettait de parvenir et de maintenir au mieux un bon rythme de massage cardiaque, ainsi qu’une profondeur adéquate de dépression du sternum (de 50 à 60 mm, au niveau de la xiphoïde) : pas de musique ; un air de country « Achy Breaky Heart » (ABH) ou une musique plus techno « Disco science » (DS). Toutes mélodies très faciles à entendre sur le site YouTube.
Si le mannequin test avait été un humain, sans conteste « Disco science » lui aurait été bien plus bénéfique que les deux autres options testées, constatent Malcolm Woollard et coll. Malheureusement, quelle que soit la méthode utilisée, musique ou non, près d’un secouriste potentiel sur deux ne déprimait pas suffisamment le sternum.
L’enquête a été menée de façon randomisée parmi des volontaires assistant à la conférence. Ils étaient 74, dont la moitié d’hommes, âgés en moyenne de 37 ans. Ils devaient réaliser trois séries de massage cardiaque d’une minute, séparées par une minute de repos. Chacune des trois séries était pratiquée sans musique, avec l’une puis l’autre mélodie (écoutées au casque).
Les différences de rythme de compression sont significatives entre le silence et ABH (105 compressions contre 120) et entre DS et ABH (104 contre 120). Il n’existe pas d’écart entre le silence et DS.
Ensuite a été analysée la différence entre les proportions de volontaires massant à 100-120. Elle est significative entre le silence (48/74) et DS (61/74) et entre DS et ABH (47/74), mais non significative entre silence et ABH. « Disco science » offre donc le meilleur taux de bon rythme de massage.
Restait à évaluer l’autre composante importante du massage cardiaque : la dépression thoracique. Il apparaît que le nombre de participants provoquant des dépressions de 50 à 60 mm n’était pas significativement différent dans les trois groupes : silence, 31/74 (42 %) ; ABH, 32/74 (43 %) ; DS, 29/74 (39 %), soit un p › 0,5. Globalement, un tiers de ces personnels de santé comprimait insuffisamment le sternum du mannequin.
Dès lors, la conclusion du travail apparaît plutôt décevante. Puisqu’elle tient compte de la double composante, rythme et compression, du massage cardiaque, les auteurs déclarent ne pas être convaincus par un bénéfice quelconque de la réanimation en musique. Cette voie de recherches n’apporte rien de plus qu’un simple métronome ou des informations audibles sur l’état du patient.
« Emergency Medicine Journal », doi : 10.1136/emermed-2011-200187.
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