LORSQUE L'ON POSSÈDE un univers aussi fort que celui de Jérôme Deschamps et Macha Makeïff, il est difficile d'aborder d'autres auteurs sans vouloir toujours surimposer son propre univers à celui des pièces que l'on monte. C'est ce qui se passe avec leur version de « l'Affaire de la rue de Lourcine », une terrible machine à cauchemar, souvent mise en scène, et par des artistes éloignés généralement de ce type de répertoire. Il y a dans ce Labiche bien plus qu'un farcesque vaudeville, mais quelque chose de noir, d'effrayant.
Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff le savent parfaitement, mais ils ne peuvent s'interdire de conduire leur troupe vers un surcroît de burlesque, très rondement mis en scène, mais qui parfois alourdit trop le spectacle. Les acteurs, dont un certain nombre jouent en alternance – à commencer par Jérôme Deschamps lui-même qui assure le rôle du Premier Dragon dans le lever de rideau avec Jean-Claude Bolle-Reddat, en face, et Arno Feffer et Dominique Parent qui sont tour à tour le Premier Dragon de ce duo absurde avant l'heure.
Dans « l'Affaire de la rue de Lourcine », nous avons vu Marie-Christine Orry, épatante en Norine, Nicole Monestier, une Madame Potard efficace à souhait – son époux, c'est Bolle-Reddat, formidable –, Pascal Ternisien, Justin, si fin dans l'excès. C'est Luc-Antoine Diquéro – Lenglumé, celui qui craint d'avoir assassiné quelqu'un et qui a retrouvé, au matin, dans son propre lit, un homme... on vous passe le reste pour qu'il vous demeure un peu de surprises... –, c'est Luc-Antoine Diquéro, donc, qui domine le jeu, tenant magnifiquement le fil Labiche et le fil Deschamps. Mais ses camarades, dans des parcours qui exigent énormément d'eux d'un point de vue physique, ne déméritent pas, loin de là. Arno Feffer et Dominique Parent jouent en alternance Mistingué (quand ils font le Premier Dragon) et sont formidables comme le sont Lorella Cravotta (qui alterne avec Marie-Christine Orry) et ceux qui sont là tous les soirs : Philippe Leygnac, le grouillot et le piano et la trompette, Pascal Le Pennec, l'accordéon.
Car, évidemment, il y a le crin-crin des musiques de Philippe Rouèche, et cela donne une alacrité à la représentation.
Théâtre de l'Odéon, à 20 h, du mardi au samedi, en matinée le dimanche à 15 h. Durée : 1 h 30 sans entracte. (01.44.85.40.40). Jusqu'au 31 mars.
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