C’est le moins que l’on puisse dire. Dans tout l’Hexagone, l’utilisation de postes de travail mobiles est désormais inscrite dans les mœurs. L’évolution des technologies comme le WiFi y est pour beaucoup. En effet, le réseau sans fil permet aux professionnels de santé d’accéder aux informations du patient directement au chevet de son lit. L’on voit de moins en moins des cliniciens et autres infirmières remplir leur mission en utilisant le support papier. Une mutation en profondeur qui a des avantages : limitation de la double saisie, source d’erreurs ; accès aux données du patient en temps réel, disponibilité concomitante d’un dossier patient, etc.
L’intégration de la mobilité, un chantier national
Devenue progressivement un marché de renouvellement, l’intégration de la mobilité est donc un chantier national. Dans le Nord, par exemple, le centre hospitalier de Douai est engagé dans le déploiement de tablettes, qui remplacent des chariots, moins pratiques à utiliser. La technologie choisie est celle de Mobile Clinical Assistant. Elle propose les fonctionnalités identiques à celles de l’existant : l’enregistrement des paramètres du patient, les prescriptions médicales, l’accès au dossier patient, en l’occurrence la solution Cristalnet, éditée par le CHU de Grenoble. La tablette MCA se différencie de ses prédécesseurs, notamment par son poids léger et son autonomie en énergie (quatre heures), et permet de lire des codes barres. De même, elle intègre un appareil photo permettant de réaliser des clichés de plaies cicatrisantes.
L’utilisation de cet outil a démarré à la fin du premier semestre 2009, au sein d’un service pilote : l’hospitalisation de jour médico-chrurgicale, choisie sur proposition de la direction générale. Très rapidement, les agents ont pris en main le nouvel outil, du fait de son intuitivité. Actuellement, trois tablettes sont à la disposition de ce département (une pour l’infirmière coordinatrice chargée de gérer les entrées, et une par secteur de soins : la chirurgie et la chimiothérapie). L’efficacité de cet outil nomade a eu pour conséquence un retrait progressif de circulation des portables sur chariot, ceux-ci interférant quelque peu dans la relation professionnelle de santé/patient. Actuellement, le service équipé consacre beaucoup plus de temps au lit du patient. Pour ces derniers, le changement s’est opéré en toute transparence.
Le concept du MCA a été développé par Intel et des utilisateurs métiers afin de prendre en compte les besoins du secteur médical (sécurité, hygiène, grande disponibilité et forte résistance aux chocs, etc.). Actuellement, une vingtaine de ces postes de travail est en circulation à Douai. À la fin de l’année, ce chiffre sera doublé. À terme, 80 de ces tablettes seront livrées aux professionnels de santé.
En mettant en place cette nouvelle infrastructure, le centre hospitalier de Douai permet à ses utilisateurs mobiles d’entrer avec leur outil dans la chambre du patient. Ce que ne peuvent faire les chariots généralement maintenus dans les couloirs avec comme risque une augmentation de l’insécurité, l’outil étant à la portée des passants qui peuvent être des visiteurs.
Pour s’équiper, l’établissement qui dispose d’un réseau WiFi performant a retenu la solution de tablette graphique MCA proposée par Motion Computing. D’autres fournisseurs portent ce concept qui intègre différentes technologies comme le RFID, un lecteur de code à barres, une carte 3G.
Au chevet du lit du patient…
Influence régionale ou volonté de reproduire une infrastructure qui a fait ses preuves, le CH de Douai marche en fait sur les traces technologiques de son semblable d’Arras. On le sait, ce dernier a lancé de nombreux projets novateurs ces dernières années, parmi lesquels le déploiement d’une solution de mobilité, en l’occurrence des tablettes nomades de type… MCA. Dans cette institution, la mobilité est désormais devenue réalité. Les cliniciens réalisent leurs actes au pied du lit du patient grâce à un réseau WiFi sécurisé. Même tonalité au CHU de Nancy. Cet acteur régional de la santé, qui a déployé des tablettes multimédia comme les deux CH précédents, a également adopté des tablettes graphiques MCA.
Sur ce terrain porteur, Dell intervient avec une nouvelle stratégie. Le constructeur propose désormais des solutions dédiées au monde de la santé. Les annonces faites ces dernières années sont là pour souligner ses ambitions, à savoir renforcer son taux de pénétration dans l’univers hospitalier. À cette fin, il a décidé de réaliser des maquettes intégrant ses solutions, y compris celles de mobilité, afin de permettre aux utilisateurs de ce secteur de toucher du doigt ses innovations. Ces espaces de démonstration intègrent par exemple des technologies nomades, parmi lesquelles une tablette équipée d’un écran convertible (PC XT2) ou celle proposant une technologie de gestion de gros volumes, comme la gamme FX100. Cette dernière peut être utilisée pour gérer l’imagerie médicale, grâce à un système intégré de compression d’images. Enfin, Dell a conçu un nouveau clavier antibactérien. Quand on sait que les maladies nosocomiales continuent de constituer une des causes graves de mortalité à l’hôpital, l’on comprend facilement l’apport d’une telle technologie qui devrait contribuer à lutter contre la propagation de virus de type H1N1, par exemple.
En région parisienne, les exemples d’utilisation de la technologie nomade sont également multiples. L’Institut mutualiste Montsouris a ainsi déployé un réseau sans fil pour permettre à ses cliniciens d’utiliser des postes de travail mobiles dans la chambre du patient. L’approche choisie ici est celle du chariot. D’un patient à un autre, le professionnel de santé réalise ses prescriptions dans un univers sécurisé. Il accède en fait au dossier patient Clinicom pour effectuer son acte. L’infirmière prend ensuite la main pour exécuter son plan de soins, en utilisant également un outil mobile. Cela dit, cet usage est limité à certains services médicaux et chirurgicaux.
L’utilisateur et la carte CPS
Parallèlement à cette démarche classique, l’établissement est en train de tester l’utilisation de Qualiac dans un environnement mobile, en l’occurrence un PDA. Ce progiciel sera exploité à partir d’un support mobile par les préparateurs des officines et les magasiniers pour glaner les informations à travers l’infrastructure WiFi de cet établissement parisien.
Autre exemple en région parisienne, celui de l’hôpital Suisse de Paris qui propose également l’accès de son dossier patient à ses équipes de professionnels de santé. Dans l’Oise, le centre hospitalier de Beauvais
est largement avancé sur le terrain du nomadisme. Il y a quelques années déjà, il avait lancé un projet de déploiement de postes de travail mobiles. Sur des PC nomades Dell, plus de la moitié de ses services utilisent ces outils. Avec succès. Témoin, le processus de généralisation continue. Pédiatrie, maternité et hématologie sont prévues à terme.
Dans le Sud-Ouest, l’exemple du CHU de Bordeaux illustre également le poids sans cesse croissant du nomadisme dans l’accès aux systèmes d’information hospitalier. Le groupe d’établissements a équipé l’ensemble de ses services de PC portables. Une infrastructure bénéficiant de la large couverture en réseau sans fil de cette structure qui compte désormais plus de 1 500 bornes WiFi. Au total, plusieurs milliers de professionnels de santé ont adopté le nomadisme dans cet établissement. Ils accèdent facilement aux données du patient, après authentification de l’utilisateur par un identifiant et par un mot de passe. Ce choix de sécurité utilisé ici est également valable ailleurs. Un processus qui se répète à chaque fois que le professionnel de santé se déconnecte. Pour beaucoup, une telle procédure devient parfois fastidieuse même si elle garantit la sécurité et la confidentialité des données. D’autres explorent désormais des pistes nouvelles comme le Single-Sign-On (SSO) ou signature unique. Mais malgré la maturité de cette solution, elle reste encore sous-utilisée dans les hôpitaux. Pourtant elle permet de plonger dans l’univers du « sans-contact ». L’utilisateur s’authentifie une seule fois pour toutes avec sa carte de CPS dans le lecteur approprié, s’il est professionnel de santé. Par la suite, il suffit qu’il se rapproche de son poste de travail mobile pour être reconnu. Quoi qu’il en soit, cette solution apparaît de plus en plus comme le sens de l’histoire dans un univers hospitalier où les utilisateurs doivent aller vite en faisant abstraction d’une technologie qui est à leur service.
Échanger hors de l’hôpital
Si la mobilité devient une réalité au sein de l’hôpital, qu’en est-il de ses utilisateurs qui sont parfois appelés à sortir de l’établissement ? Beaucoup ont besoin d’accéder aux données du SIH ou à tout le moins être en contact avec l’établissement. À cette fin, on a vu se généraliser l’approche Webmail. Elle est appliquée depuis plusieurs années pat l’Institut Gustave-Roussy qui permet ainsi à ses professionnels de santé d’accéder à leur courrier électronique et à leur emploi du temps à distance. Le centre hospitalier de Beauvais a de son côté implémenté le dispositif OWA de Microsoft.
Mené dans des conditions poussives, le nomadisme a aujourd’hui acquis ses lettres de noblesse dans la santé. Après l’accès aux applications en interne, l’heure est à la généralisation de la mobilité, y compris en dehors de l’hôpital. L’objectif reste le même : mieux soigner le patient.
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