PLUS DE TROIS FOIS supérieur au montant annoncé (36,5 millions d'euros, disait-on depuis plusieurs mois), tel est finalement le déficit réel des Hospices civils de Lyon (HCL) : le conseil d'administration (CA) des HCL qui a voté vendredi l'état prévisionnel des recettes et des dépenses (EPRD) 2008 annonce un déficit prévisionnel de l'ordre de 112 millions d'euros.
Afin d'éviter la mise sous tutelle de l'établissement par l'agence régionale de l'hospitalisation, le président du CA – le sénateur-maire (PS) de Lyon, Gérard Collomb – indique avoir néanmoins «souhaité que cet EPRD soit voté par le conseil». Mais il a assorti son souhait de deux propositions : le vote d'une motion du CA des HCL adressée à la ministre de la Santé et la réalisation d'un audit sur le personnel médical et non médical du CHU.
En mai dernier, le résultat de deux audits avait révélé l'énorme risque financier pris par le second CHU de France qui prévoyait de tripler l'investissement à la fin 2008 comparé à l'année 2000, en le concentrant sur quelques grosses opérations de restructuration, alors qu'il était déjà déficitaire. Gérard Collomb, qui évoque une «situation extrêmement préoccupante», avance trois raisons explicatives à cette situation : «Un nouveau mode de financement qui ne tient pas suffisamment compte des missions spécifiques des CHU, un ralentissement de l'activité d'autant plus important que le secteur privé se développe fortement sur le bassin lyonnais et une charge financière lourde liée au plan d'investissements en cours.»
Gérard Collomb rassemble les mécontents.
Le plan d'action destiné à équilibrer sur plusieurs années les comptes des HCL et ses modalités d'exécution seront présentés aujourd'hui. À l'occasion d'une réunion au ministère de la Santé, au début juin, Roselyne Bachelot avait déjà demandé aux HCL de s'engager sur une économie de 20 millions sur le budget 2008, tout en s'engageant à «accompagner» le CHU à hauteur d'une somme identique au titre de 2008. Gageons qu'il ne s'agit là que d'un début. En effet, le maire de Lyon, qui constate que 29 CHU français sur 31 sont en déficit, vient de saisir l'ensemble des maires présidents de CHU pour les inviter à se réunir à l'Association des maires de grandes villes de France (AMGVF) le 24 juin et décider «d'une démarche commune auprès du gouvernement».
Budget voté à l'AP-HP
Comme les HCL, l'Assistance publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP) a voté vendredi son budget. L'état prévisionnel des dépenses et des recettes (EPRD) pour 2008 a été voté à la majorité par le conseil d'administration, et les chiffres adoptés sont, précise l'institution, «en léger déséquilibre (– 10 millions d'euros pour le compte du résultat principal, soit 0,16 % des prévisions de recettes) , pour un montant global de 6,2milliards d'euros». Le budget de l'AP-HP continue de s'inscrire dans le plan de retour à l'équilibre signé par l'institution en 2004 et qui signifie pour elle cette année 45 millions d'euros d'économies structurelles.
Pour son tout premier budget, le nouveau président de l'AP-HP, le député (PS) Jean-Marie Le Guen, a voté contre et s'en explique : «L'EPRD ne correspond pas aux besoins de l'AP-HP et de ses personnels, et n'est pas à la hauteur des besoins et des attentes de la population, des Parisiens en premier lieu.» Tout comme le maire de Lyon, l'adjoint de Bertrand Delanoë accuse : «Le budget proposé par la tutelle s'inscrit dans une politique de pénurie budgétaire imposée aux hôpitaux publics et plus particulièrement aux CHU, au risque de fragiliser et dans certains cas de remettre en cause l'avenir de l'hôpital public.»
Tandis que le conseil d'administration se réunissait, les syndicats CGT, FO, SUD, CFDT et CFTC signaient un communiqué commun sur la situation de l'AP-HP : «Dans tous les services, dénonçaient-ils, les personnels sont au bord de la rupture, voire déjà en rupture. (...) Pour fonctionner et pouvoir soigner les malades, il faut l'arrêt des plans d'économies.»
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