ROSELYNE BACHELOT s'est rendue à Ajaccio lundi pour installer un directeur par intérim à l'hôpital qui, depuis huit jours, n'avait plus d'équipe dirigeante à bord. Trois adjoints vont suivre.
Dans un communiqué, la ministre affirme que «l'État accompagnera l'établissement à la condition qu'il prenne et respecte des engagements en matière de redressement.» Elle ajoute : «La mise sous administration provisoire de l'établissement ne peut être exclue, au regard de la situation actuelle, si les organes de direction ne parviennent pas à prendre les mesures indispensables au fonctionnement normal de l'hôpital.» L'hôpital d'Ajaccio est en net sureffectif (20 % de plus que la moyenne nationale). Sans doute la ministre place-t-elle la réduction des effectifs au premier rang de ses priorités à Ajaccio, mais elle se refuse à le dire explicitement.
La situation de crise que traverse l'hôpital corse, en tout cas, agite la profession. Citant le cas d'Ajaccio, ainsi que celui de Carhaix, dans le Finistère (où la population s'oppose fortement à la fermeture des services de maternité et de chirurgie), l'ensemble des organisations institutionnelles et syndicales représentant les directeurs d'hôpital ont adopté une position commune demandant à l'État de soutenir les équipes de direction.
Les directeurs unis.
Les signataires (SNCH, SYNCASS-CFDT, CH-FO, FHF, CNDCH, Conférence des DG de CHU) rappellent que «les menaces physiques, les mises en cause, les séquestrations ou les insultes ne sont pas acceptables, déconsidèrent leurs auteurs et méritent d'être sanctionnées».
Mais le combat, même pacifique, est loin d'être fini. À la pointe de la contestation dans certaines villes – elle dit représenter «environ 160 localités» –, la Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité, réunie à Lure le 7 juin, a décidé de tenir tête à la FHF (Fédération hospitalière de France). Dans un courrier adressé à Claude Evin, président de l'institution, la coordination affirme que la FHF se trompe en défendant les communautés hospitalières de territoire – l'un des axes forts du rapport Larcher, sur lequel Roselyne Bachelot entend asseoir sa réforme de l'hôpital.
La création de ces communautés hospitalières de territoire placerait les hôpitaux de proximité «sous la dépendance et le bon vouloir d'un hôpital de référence, aussi prestigieux soit-il», écrit la Coordination nationale. En publiant une carte des 240 établissements vulnérables, la FHF apporte «la caution et l'aide (...) à ceux dont l'objectif est de fermer les hôpitaux publics», poursuit la coordination, convaincue de ce fait que «le combat de demain se déroulera entre des CHR et des CHU enfermés dans un carcan réglementaire et financier (...) et des cliniques privées renforcées, libres d'investir, de recruter et de sélectionner les activités et les patients les plus lucratifs».
La FHF n'est décidément pas sur la même ligne, qui lundi rappelait son attachement à la «stratégie de groupe» entre hôpitaux publics de taille diverse. C'est du moins ce qu'a expliqué son président, Claude évin, à l'occasion du congrès de la fédération hospitalière de la région Ile-de-France : «Les communautés hospitalières de territoire, si justement mises en avant par la commission Larcher, ne sont pas une mode qui passera, soyons-en sûrs. Il s'agit d'un levier indispensable.» La polémique, inévitablement, va rebondir.
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