Prise en charge des hypertendus

La microcirculation dans les lésions des organes cibles

Publié le 20/06/2006
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EN DEPIT des progrès accomplis, les complications de l’HTA restent fréquentes. Pour le Pr J.-J. Mourad (Bobigny), l’amélioration du pronostic coronaire passe avant tout par un meilleur contrôle de la pression artérielle systolique (PAS). Selon les conclusions de l’étude ASCOT, la PAS périphérique et la pression pulsée sont les plus gros contributeurs du risque cardio-vasculaire ; toutefois, la pression artérielle centrale a son importance. Comme l’ont montré des études récentes, les IEC font mieux que les bêtabloquants au niveau de la pression centrale systolique. On sait aussi que moins de 30 % des patients arrivent à normaliser leur tension et que l’association de deux ou de trois molécules d’antihypertenseurs est le plus souvent indispensable.

Les résultats de STRATHE.

Aux yeux du Pr Mourad, la bithérapie faiblement dosée d’emblée, qui abaisse la PAS et la pression pulsée tout en étant bien tolérée, apparaît comme une meilleure stratégie pour diminuer le risque de survenue de complications cardio-vasculaires chez les hypertendus. Les résultats de l’essai STRATHE ont confirmé l’efficacité de l’association IEC-diurétique, à savoir, périndopril-indapamide (Preterax), avec une diminution de 60 % de la survenue des événements cardio-vasculaires graves.

De son côté, le Pr B. Levy (Paris) souligne l’importance d’une amélioration de la perfusion tissulaire myocardique in situ, étant donné que l’on observe les altérations microvasculaires lors de la maladie hypertensive. En cas d’HTA centrale, l’organisme s’adapte en urgence afin de maintenir de façon impérative des pressions capillaires basses et de 70 à 90 % des résistances vasculaires se situent au niveau de la microcirculation.

Occlusion fonctionnelle des capillaires.

Ainsi, une augmentation du tonus vasoconstricteur entraîne une diminution de la lumière des vaisseaux et aboutit à une occlusion fonctionnelle des capillaires, lesquelles auront tendance à disparaître. Cette raréfaction artériolo-capillaire contribue à altérer la perfusion de tous les organes cibles qui est observée chez l’hypertendu. Au niveau du myocarde, ce processus altère la perfusion myocardique en l’absence de sténose coronaire : une étude utilisant le PET-scan a mis en évidence le fait que, chez les sujets hypertendus asymptomatiques, la réserve de perfusion coronaire est diminuée de moitié. C’est dire l’intérêt d’une approche thérapeutique capable d’agir non seulement sur les gros troncs artériels mais aussi sur la microcirculation artériolo-capillaire, afin de prévenir des remaniements pouvant perturber la perfusion tissulaire et, par là même, de réduire la morbi-mortalité associée à l’HTA. D’après une étude qui est poursuivie, la plurithérapie périndopril/indapamide administrée pendant six mois a montré son efficacité pour rétablir une densité capillaire et pour augmenter la perfusion myocardique qui avait été altérée par l’HTA.

> LUDMILA COUTURIER

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7983