L'ANALYSE DU NIVEAU de méthylation du gène Sfrp2 dans l'ADN fécal semble constituer une méthode relativement fiable pour le dépistage des cancers colo-rectaux. Une équipe autrichienne de l'université d'Innsbruck vient en effet de démontrer que cette technique permet de détecter entre 77 et 90 % des patients atteints d'un cancer du côlon ou du rectum. D'après leur étude, la spécificité de la méthode serait de 77 %.
Une modification épigénétique.
Pour Müller et coll., le niveau de méthylation de Sfrp2 constitue « un des marqueurs les plus sensibles pour l'identification du cancer colo-rectal à partir d'échantillons de selles ».
La méthylation est une modification épigénétique de l'ADN. Elle transforme la structure chimique des gènes sans pour autant changer leur séquence nucléotidique. La méthylation a néanmoins un impact important sur le génome, puisqu'elle peut conduire à l'inactivation de l'expression génétique. Une réaction de méthylation se produisant au niveau de gènes essentiels au maintien de l'intégrité du génome peut donc avoir des conséquences catastrophiques pour l'organisme : en provoquant l'inactivation de ces gènes, la méthylation peut conduire à la transformation cellulaire et au développement de tumeurs.
Des modifications de la méthylation de l'ADN sont fréquemment observées dans les cancers colo-rectaux. Müller et coll. ont cherché à savoir si ces altérations épigénétiques pouvaient être utilisées pour le dépistage de ce type de cancer.
Les auteurs ont tout d'abord recherché des gènes dont la méthylation est spécifiquement altérée chez les malades atteints d'un cancer colo-rectal. Dans ce but, ils ont comparé l'état de méthylation de plusieurs dizaines de gènes candidats chez des malades et chez des contrôles sains. Cette première étude leur a permis d'identifier dix gènes dont le niveau de méthylation est particulièrement élevé chez les individus souffrant d'un cancer colo-rectal.
Un échantillon de selles.
Müller et coll. ont ensuite enrôlé dix malades atteints d'un cancer colo-rectal et treize patients sains qui venaient de subir une endoscopie. Ces personnes ont fourni un échantillon de selles à partir duquel les chercheurs ont isolé de l'ADN afin d'évaluer le niveau de méthylation des dix gènes présélectionnés.
Parmi les différences de méthylation détectées entre les deux groupes de patients, la plus remarquable concerne le gène Sfrp2 : ce gène était méthylé chez neuf des dix malades testés, mais seulement chez trois des treize sujets contrôles. Un second test, réalisé sur treize autres malades et treize autres contrôles, a confirmé ce résultat : Sfrp2 était méthylé chez dix malades et chez trois contrôles.
En associant l'analyse du niveau de méthylation de Sfrp2 à la détection de mutations associées au cancer colo-rectal, la sensibilité et la spécificité du dépistage de ce type de cancer à partir de l'ADN fécal pourront certainement devenir remarquable.
H. M. Müller et coll., « The Lancet » du 17 avril 2004, pp. 1283-1285.
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