L'HOPITAL, SOUMIS A une somme de contraintes technologiques, économiques et sociales sans précédent, doit évoluer vers l'implication des soignants dans son management. C'est ce que proposent deux enseignants chercheurs lyonnais dans un ouvrage intitulé « Repenser les processus à l'hôpital » (1) et préfacé par le directeur de l'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé (Anaes), Alain Coulomb.
Pour les auteurs, le changement aujourd'hui tant attendu ne relève pas des ordonnances gouvernementales. Il ne pourra avoir lieu que s'il existe - c'est un prérequis - une vision partagée de la maîtrise des moyens de production, et si les acteurs du système hospitalier disposent des outils de gestion adaptés. Pour y parvenir, Jean-Pierre Claveranne et Christophe Pascal, enseignants et chercheurs à l'Institut de formation et de recherche sur les organisations sanitaires et sociales (Ifross), de la faculté de droit de Lyon, proposent non pas « la », mais une méthode. L'hôpital constitue d'ailleurs l'un des terrains favoris des chercheurs de l'Ifross, qui accompagnent les institutions sanitaires dans leurs projets de réorganisation, depuis plus de quinze ans.
« Nous sommes des défricheurs », observe Jean-Pierre Claveranne. Spécialistes en organisation, ils ont adapté l'analyse des processus, habituellement utilisée en gestion, à la friche hospitalière. « Les médecins nous disent souvent qu'ils n'ont pas de leviers d'action », explique Jean-Pierre Claveranne. « Nous essayons donc de leur montrer comment faire une analyse différenciée des postes où l'on dépense trop ou pas assez, pour une meilleure utilisation des moyens alloués ».
« C'est une sorte de vademecum destiné à aider les acteurs à cheminer », commente Christophe Pascal en présentant le livre. Lequel, en réalité, va bien au-delà : il offre une recherche du « sens perdu ».
L'hôpital vit aujourd'hui une crise majeure : on demande aux soignants d'améliorer la qualité des soins sans qu'ils en aient les moyens financiers. Les auteurs misent sur la responsabilisation à tous les niveaux : dotés des outils pour comprendre les difficultés auxquelles ils sont confrontés, les acteurs du système pourront élaborer eux-mêmes les solutions les plus appropriées. Si le patient est au cœur du système de soins, les soignants devraient légitimement en redevenir les chevilles ouvrières.
(1) Médica Editions, 262 pages, 29 euros.
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