La metformine serait-elle une arme dans le cancer en plus de l’être dans le diabète? Les études précliniques qui se multiplient depuis quelques années sont en tout cas convaincantes. Tout est parti d’une publication épidémiologique rétrospective en 2005 qui révélait que les diabétiques traités par metformine avaient une incidence moindre de l’ensemble des cancers.
Chez la souris, il a ensuite été montré que la metformine inhibe la croissance des xénogreffes de cellules tumorales prostatiques et pancréatiques et peut prévenir la cancérogenèse pulmonaire, avec un volume des tumeurs diminué. D’autres recherches ont été menées pour découvrir l’impact de la metformine combinée à des agents chimiothérapeutiques et, il a été mis en évidence une inhibition potentialisée de la croissance tumorale par l’association metformine-doxorubicine notamment. « La metformine est capable de cibler spécifiquement les cellules souches cancéreuses ce qui est très important car celles-ci sont souvent à l’origine des récidives, ajoute Fréderic Bost (INSERM U1065, équipe 7, C3M, Nice) ». Une vingtaine d’essais cliniques en oncologie sont en cours avec la metformine souvent associée à des agents chimiothérapeutiques. Les données à court terme de l’un d’entre eux * laisse présager de bons résultats, d’ici à 3-4 ans. Conduit chez 23 patients –non diabétiques- ayant des cryptes aberrantes colorectales -premiers signes de la néoplasie colique- le traitement par metformine pendant un mois a permis d’en réduire le nombre.
Plusieurs pistes ont été avancées pour expliquer ces observations. La diminution de l’insulinémie pourrait affecter la croissance tumorale, l’insuline étant un facteur de croissance. De plus, « il a été montré que la metformine pouvait agir sur les cellules du système immunitaire, souligne Fréderic Bost, mais aussi sur les adipocytes lesquels ont une action clé dans le microenvironnement tumoral et la croissance cancéreuse. La metformine peut agir également au niveau de l’inflammation sur la production des TNF-alpha ». Quant à l’effet direct de la metformine, elle inhibe la prolifération des cellules cancéreuses, en agissant sur son métabolisme et en régulant la voie AMPk-mTOR qui joue un rôle clé dans la synthèse protéique ».
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