Une première au cours du Marathon de Paris

La mesure du débit cardiaque pendant la course

Publié le 12/04/2007
Article réservé aux abonnés

UNE PREMIERE à la fois scientifique et technologique va être réalisée au cours du Marathon de Paris, dimanche. Il s'agira de la mesure, pendant la compétition, du débit cardiaque chez 10 coureurs. Cette prouesse est le fait du Lephe (Laboratoire d'étude de la physiologie de l'exercice), implanté au Genopole (Evry). «Depuis 2000, nous cherchons à comprendre ce qui se passe au plan physiologique, chez quelqu'un qui court un marathon », raconte Véronique Billat, qui dirige le Lephe.

L'objectif est de montrer que le débit est maintenu au prix d'une augmentation de la fréquence cardiaque jusqu'à la fréquence cardiaque maximale pour compenser la baisse du volume d'éjection systolique. Le volume d'éjection à chaque pulsation est de 70 ml et peut s'élever jusqu'à 180 ml à l'effort maximal, mais il peut augmenter grâce à l'entraînement.

Pour mieux comprendre l'intérêt de l'expérience, Véronique Billat rappelle qu' «au cours de ces épreuves on assiste à des malaises vagaux parce que les gens sont déshydratés». Cette déshydratation est responsable d'un désamorçage de la pompe cardiaque. En effet, avec la baisse du volume plasmatique, le volume d'éjection systolique diminue de façon drastique et l'organisme, alerté par ses barorécepteurs, essaye de compenser cette chute de pression en augmentant la fréquence cardiaque. «Nous souhaitons attirer l'attention sur ce phénomène. Le marathon est une course qui contraint le coeur au maximum de ses capacités en ce qui concerne le débit et la fréquence.»

Au cours de cet effort physique, l'organisme tente de se maintenir dans une fourchette thermique entre 36 et 41 °C. Pendant la course, si 25 % d'énergie sont transformés en vitesse, 75 % se dissipent sous forme de chaleur. «Notre seul mode de refroidissement est l'évaporation de la sueur. Et même si une sueur utile ne se voit pas, la déshydratation existe bien.»

La nécessité de boire dès le cinquième km.

Les retombées pour le coureur sont de lui montrer la nécessité de boire dès le cinquième kilomètre. D'ailleurs, le règlement des marathons impose des ravitaillements tous les 5 km, en alternance avec des points d'épongeage (un des moyens de prévenir la déshydratation est de s'asperger, de créer une sueur artificielle, mais la perte liquidienne persiste). «Au cours du Marathon de Paris, les coureurs dans l'euphorie du moment sautent le premier, voire le deuxième, ravitaillement. » Comme on ne peut métaboliser plus de 250 ml de liquide toutes les 25 minutes (ce qui correspond à environ 5 km), il est ensuite trop tard pour enrayer la déshydratation.

Les 10 sportifs de dimanche ont déjà passé un audit au laboratoire.

Les contraintes imposées par la course seront comparées aux données de base déjà recueillies. Un entraînement personnalisé sera proposé jusqu'au prochain marathon au cours duquel de nouvelles mesures seront réalisées. Il sera possible d'évaluer l'amélioration du volume d'éjection systolique. «Notre objectif final est d'améliorer les procédures d'entraînement, de les optimiser, pour contribuer à la prévention, à la “santé positive”», conclut Véronique Billat.

L'équipement

Les coureurs seront équipés de deux dispositifs. Le premier, un cardiofréquencemètre Polar France, modèle RS800 (placé au poignet). Grâce à un capteur fixé sur les lacets de chaussures, il fournit l'accélérométrie, couplée à un GPS. Le coureur dispose donc de la vitesse, de la distance, de la cadence. L'autre dispositif est fixé à la ceinture, couplé à des électrodes de poitrine et au niveau du cou, il s'agit du Physioflow, modèle Enduro de la société française Manatec. Il fournit le débit cardiaque et un tracé ECG. A l'arrivée, le coureur peut connaître son profil de vitesse, de fréquence et de débit cardiaque.

> Dr G. B.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8146