IL S'EN PASSE des choses dans le quartier du Chêne-Pointu à Clichy-sous-Bois. «Le Chêne-Pointu, c'est là où l'on entendait les flash-balls et où les voitures brûlaient, au lendemain de la mort par électrocution dans un transformateur de deux adolescents en 2005», précise le Dr Marie-Elisabeth Circaud-Mariot.
Jeudi 5 avril dernier, vers 20 h 30, le Dr Circaud-Mariot, généraliste au Chêne-Pointu, achève ses consultations. Comme d'habitude, elle emprunte l'escalier du 1er étage au rez-de-chaussée, «l'ascenseur étant constamment hors service». «En un rien de temps», elle se retrouve en bas, «après avoir glissé sur le dos et un coude». Les marches étaient couvertes d'huile, «sans doute à l'initiative de deux jeunes ayant observé la scène et qui font mine de s'intéresser à mon sort», commente la praticienne. Tant bien que mal, elle reprend le chemin de la sortie, afin de se rendre à sa voiture, «garée sur une aire où l'on brûle les véhicules». Subrepticement, l'un des deux garçons auteurs présumés de sa chute, «le grand», lui arrache son sac à main. Le Dr Marie-Elisabeth Circaud-Mariot court, crie. «Je n'avais pas pas de côtes cassées, mais j'avais mal et je ne risquais pas de le rattraper», souligne-t-elle. Plusieurs témoins assistent à la scène, «mais n'ont pu intervenir rapidement car ils se trouvaient aux étages». La généraliste dessaisie de ses papiers d'identité, de deux cartes bancaires, de deux chéquiers, de son portable, de quelque 550 euros, des clés de son domicile et de deux stylos-tampon, a toutefois les clés de sa voiture. Après y avoir mis sa sacoche, elle réussit à alerter la gardienne qui, vu l'heure tardive, s'est barricadée. Malgré les multiples appels combinés de la concierge et du mari du Dr Circaud-Mariot au commissariat du Raincy, dont dépend le Chêne-Pointu, elle ne verra jamais venir police-secours. Entretemps, des jeunes de la cité, que la généraliste connaît depuis qu'ils sont petits, «ont patrouillé et récupéré le sac sans l'argent et sans les stylos-tampons, mais avec les papiers et les clés». Dans l'impossibilité de prendre le volant, le Dr Circaud-Mariot est emmenée dans sa voiture par le mari de la gardienne, suivie par un véhicule « ami » pour le retour.
Arrivée chez elle, à Coubron, à 4 km de Clichy-sous-Bois, elle «reprend souffle». Il est 22 h 30. Elle fait opposition auprès de sa banque et s'offre un verre, tandis que son époux prévient FR3. Vers 23 h 45, le couple et leurs deux chiens se rendent au commissariat du Raincy. «Des gens en garde à vue hurlaient. Après nous avoir demandé si c'était nous qui avions téléphoné à FR3, on nous a fait attendre.» Puis le Dr Circaud-Mariot, qui a signalé avoir bu un cocktail, se voit intimer l'ordre de souffler dans un éthylotest. Celui-ci se révèle positif (0,21 g/l), ce qui lui coûte de ne pas pouvoir déposer plainte. «J'en riais, alors que ça me faisais mal aux côtes.» Dans la foulée, trois policiers l'emmènent à l'hôpital de Montfermeil, où elle passera 1 h 30 sur un lit porte, avant de regagner Coubron avec son mari.
Le 6 avril est un autre jour : le commissariat de Livry-Gargan a reçu sa plainte et l'Ordre départemental a été informé des péripéties vécues par la généraliste. Depuis vendredi dernier, le Dr Marie-Elisabeth Circaud-Mariot a passé la clé de son cabinet à sa remplaçante et «sans doute pour une semaine encore». «Si c'était arrivé à l'un de mes patients, précise-t-elle, je l'aurais mis en arrêt pour deux à trois semaines.»
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