> La santé en librairie
LES FACTEURS perturbant la croissance fœtale semblent avoir une influence sur le développement et la santé ultérieure des individus. L'épidémiologiste David Barker (« Un bon départ dans la vie ») travaille depuis longtemps sur les relations entre la croissance foetale et infantile et la mortalité/morbidité pour diverses maladies chroniques chez les hommes et les femmes adultes, telles que maladies cardio-vasculaires, hypertension artérielle et diabète. Ses premières analyses portaient sur la mise en évidence des corrélations géographiques, en Grande-Bretagne, entre les régions à mortalité infantile élevée dans les années 1920 et celles ayant un taux important de mortalité d'origine coronaire dans les années 1970, à partir de l'examen de cohortes de Preston et du comté de Hertfordshire d'Angleterre. Ces publications reliaient des marqueurs des conditions de vie foetale avec des maladies comme les cardiopathies ischémiques et le diabète. Son récent ouvrage traduit en français reprend les données des grandes cohortes (Hertfordshire, Framingham, Helsinki), sur lesquelles il fonde son propos depuis plusieurs années, et s'enrichit d'enquêtes plus récentes, dont les conclusions vont dans le même sens. Il achèvera de convaincre les femmes enceintes et les jeunes mamans de la nécessité d'adopter une alimentation équilibrée, gage du bon développement de leur enfant et de leur sérénité de futures grand-mères.
Le « fish and chips » n'est pas seul en cause.
A travers l'histoire de John Clegg, fils d'ouvriers du nord de l'Angleterre, atteint d'un infarctus du myocarde à 45 ans, et celle de son voisin de chambre, Mohan Rao, 35 ans, diabétique, né en Grande-Bretagne de parents indiens originaires de Mysore, David Barker montre comment les conditions de vie foetales, liées à celles de la mère avant et pendant la grossesse, puis celles de la petite enfance, font le lit des maladies à l'âge adulte. Selon cet universitaire de Southampton, les conditions nutritionnelles foetales, comme le rythme de la croissance de la petite enfance, ont un rôle déterminant. A la naissance, l'enfant de petit poids de naissance aurait un phénotype dit d'épargne ; cette dénomination traduisant l'idée de l'adaptation structurelle et fonctionnelle en réponse à un état de rationnement nutritionnel. Un mauvais état nutritionnel foetal et un faible poids de naissance peuvent être rattrapés pendant l'enfance, mais l'évolution n'est pas toujours favorable, explique Barker, car « la pauvreté rend les gens vulnérables à la prospérité, à l'occidentalisation ».
Petite taille de naissance, faible croissance pendant la prime enfance et prise de poids trop rapide par la suite constituent le tiercé gagnant pour de nombreuses maladies. Ainsi, le routier sédentaire John Clegg aurait pu pallier les déficits et les carences avec lesquelles il est né à condition d'être qualitativement et quantitativement bien nourri pendant son enfance. Au lieu de cela, son mode de vie n'a fait qu'accentuer ses risques cardio-vasculaires. Mohan Rao, lui, a pris trop de poids pendant son enfance et ses dispositions génétiques ne lui ont pas permis de supporter de telles variations. D'où son diabète précoce. Il est urgent de modifier profondément nos habitudes dans les pays occidentaux. Une étude récente sur l'alimentation de 8 000 jeunes Anglaises de 20 à 30 ans est peu rassurante et souligne la persistance de grands déséquilibres, signale David Barker. Pourtant, insiste-t-il, non seulement l'état nutritionnel de la mère conditionne celui de son enfant, mais il détermine également son aptitude à nourrir son enfant, donc, la santé de ce dernier durant son existence. Santé dont le degré de fragilité dépendra aussi de ses gènes. La bonne nutrition des mères d'aujourd'hui devrait donc être un objectif majeur de santé publique.
Des objectifs simples.
Une maman nourrie et reposée s'occupe mieux de son bébé, note Saholy Razafinarivo-Schoreisz, pédiatre d'origine malgache exerçant dans la région de Poitiers, dans un habile petit manuel intitulé « Vivre au mieux avec bébé ». Tous les aspects pratiques de la cohabitation avec un nourrisson sont évoqués, avec des conseils techniques de spécialiste mâtinés de recettes d'une maman issue d'une culture où nombre de jeunes mères se débrouillent avec pas grand-chose. En questions/réponses, les difficultés sont abordées par ordre chronologique de la naissance à 2 ans et aideront les jeunes mamans désemparées et souvent isolées. Tout au long du texte, ses références, pleines d'humour et de curiosité, à d'autres cultures et à d'autres façons de faire lui permettent de souligner le danger des dogmes et des diktats. « Tout l'art de s'occuper d'un bébé, c'est de se fixer des objectifs simples, c'est-à-dire de le nourrir correctement, le laver convenablement, assurer sa sécurité et, surtout, l'aimer », dit-elle.
Apprentissage en douceur.
Nombreux sont les ouvrages permettant aux futures mamans de donner à leur descendance les meilleures chances dans l'existence. Ils ne sont pas forcément rébarbatifs : dans la collection « Guides pour les nuls », celui sur la grossesse revendique une approche sans complexe de cette période, un accès rapide à l'information par un système d'icônes permettant de zapper facilement d'un sujet de préoccupation à l'autre, mais aussi un contenu de qualité évitant simplification ou médicalisation excessive des situations physiologiques. Deux obstétriciens américains du célèbre Mount Sinai Medical Center se sont associés à une mère de jumeaux pour assurer la rédaction de l'ouvrage. Politiquement corrects, comme il se doit, les auteurs ont adapté leur guides aux familles monoparentales, aux couples homosexuels et aux mères porteuses et consacré un chapitre spécifique aux futurs papas. « La Grossesse pour les nuls » explique ce qu'il faut savoir sur le développement de la grossesse, normale ou plus complexe, les soins spécifiques, les difficultés spécifiques, l'accouchement, les étapes de la croissance du bébé. Un chapitre est consacré aux mythes tenaces qui entourent la grossesse : de la forme du ventre qui annonce le sexe à l'influence de la pleine lune sur le déclenchement de l'accouchement. Côté alimentation, diversité et qualité sont les maîtres mots, comme dans l'ouvrage, désormais célèbre du Dr Julien Cohen-Solal. Depuis la première édition en 1975, et 250 000 exemplaires plus tard, le livre du pédiatre s'est enrichi de mille connaissances de la médecine néonatale et pédiatrique. Cette dernière édition est entièrement remaniée et tient compte des progrès de l'immunologie et de la génétique, des bouleversements engendrés par les techniques de procréation médicalement assistée, des nécessités de l'adaptation des parents et des enfants aux modifications de la législation, des codes sociaux comme des problèmes de violence, de drogue ou scolaires.
« Un bon départ dans la vie » (« Comment l'alimentation de la mère peut protéger l'enfant des maladies à l'âge adulte »), du David Barker, de J.-C. Lattes, 260 pages, 18 euros.
« Vivre au mieux avec bébé », du Dr Saholy Razafinarivo-Schoreisz, Vuibert, 186 pages, 12 euros.
« La Grossesse pour les nuls », des Drs J. Stone et K. Eddelman, de M. Duenwald, Editions First, 354 pages, 21,90 euros.
« Comprendre et soigner son enfant », du Dr Julien Cohen-Solal, Robert Laffont, coll. « Réponses », 618 pages, 30,50 euros
Docteur, il y a de quoi s'inquiéter !
LE Dr LEOPOLD BRAVERMANN, généraliste, propose le « Guide familial des symptômes ». Trois cent cinquante symptômes y sont répertoriés, expliqués, classés, dans un langage clair et explicite. Chaque fois, les signes associés définis comme inquiétants ou, à l'inverse, bénins sont décrits avec bon sens et les causes possibles classées par fréquence. Ce répertoire est complété par un dictionnaire répertoriant les maladies de A à Z possiblement à l'origine des symptômes en question.
Avec sa couverture plastifiée solide capable de résister à de nombreuses consultations, un basique destiné à retourner plusieurs fois son euro dans sa poche avant de se décider à consulter.
« Guide familial des symptômes », Dr Léopold Bravermann, Solar Editions, 302 pages, 25 euros.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature