De notre envoyée spéciale
L'invité d'honneur de la deuxième édition du symposium « Nutrition, santé et mer » était le Québec. « Au Québec, il y a eu une volonté politique pour maintenir l'emploi dans des zones défavorisées mais proches de la mer. Nous avons beaucoup travaillé en réseau et dans la concertation », explique Suzanne Ethier, représentante de la délégation générale du Québec à Paris.
Un exemple qu'aimeraient suivre la région Basse-Normandie et le département de la Manche. « En France, il n'y a pas de coordination, et les produits de la mer n'ont aucun représentant. Notre objectif est de partager nos efforts pour que nous puissions aussi valoriser les produits de la mer sur le plan de la santé », souligne Jean-Marc Robin, le directeur scientifique du symposium. D'où l'idée de créer notamment un pôle de référence dans l'exploitation du potentiel des ressources marines en nutrition, cosmétique et médecine, dont le symposium de la semaine dernière constitue le point de départ.
Diversité biologique
En médecine, les ressources de la mer offrent des perspectives de recherche très vastes. « Dans le milieu marin, la diversité biologique est beaucoup plus grande que sur les terres émergées », rappelle le Dr Jean-Pascal Bergé, du laboratoire de génie alimentaire de l'Ifremer. « Il reste 99 % des bactéries marines à découvrir, notamment dans les sédiments. »
Le champ d'investigation est immense : 200 espèces animales ont été décrites et 20 000 espèces de végétaux, alors qu'on estime à 1 000 000 le nombre d'espèces animales et végétales dans le monde marin. La pharmacognosie marine date du début des années 1970. Cent quatre-vingt-douze brevets ont été déposés en vingt-six ans, dont 70 % dans le domaine de la santé, et, parmi eux, près de la moitié sont des antitumoraux.
Sur le plan de la nutrition, « trop peu d'études ont été consacrées à définir précisément les propriétés des produits de la mer et à les rapporter à des composantes spécifiques », selon Dominique Bouglé (CHU de Caen). Il reste que les recherches ont démontré notamment que « les protéines du poisson ont un rôle synergétique dans la prévention du risque cardio-vasculaire et de l'obésité en favorisant l'oxydation des lipides et en diminuant la résistance périphérique à l'insuline », précise Dominique Bouglé.
Les algues font également l'objet de travaux de plus en plus nombreux. L'Institut de phytonutrition de Deauville a constitué une base de données de ces recherches*. Elle met à disposition, sous forme d'un cédérom, l'information collectée et classifiée de plus de 450 publications scientifiques actualisées jusqu'en mai 2003. Ainsi, 31 algues et 18 substances isolées sont répertoriées.
* Institut de phytonutrition, BP 60151, 14804 Deauville, tél. 02.31.14.49.31, www.phytonutrition.info
Des essais en cours
Des molécules prometteuses sont actuellement en cours d'étude clinique :
- La biostatine I : isolée à partir d'un bryozaire des golfes de Californie et du Mexique, elle agit comme antitumoral, notamment sur les leucémies chroniques, mais aussi comme stimulant de la croissance cellulaire et du système immunitaire (étude en phase II).
- Le SNX 11, un oméga conopeptide. C'est une toxine de prédation isolée à partir d'un mollusque. Il agit comme inhibiteur réversible des canaux calciques neuronaux. On envisage de l'utiliser comme analgésique dans le traitement du cancer et du sida (étude en phase III) ;
- La squalamine isolée d'un squale : elle agit comme inhibiteur de l'angiogenèse tumorale (étude en phase III pour les tumeurs pulmonaires).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature